Le 2ème Hussards durant IIIème République et la dans la Guerre de 1914 -1918
Textes du Chef d’Escadrons © Gérard-Antoine MASSONI, docteur en histoire
La IIIème République
Le 2ème Hussards, reconstitué avec le 2ème régiment de marche et le dépôt du 2ème Hussards, tiendra garnison à St-Germain-en-Laye, à Pont-à-Mousson (1873), puis à partir de 1878 à Nancy aux ordres du colonel de Bonne.
Le 2ème Régiment de Hussards retourna en Algérie de 1880 à 1887, puis vivra jusqu’en août 1914 la vie quotidienne et paisible des régiments d’avant-guerre. Petites villes regorgeant de troupes: Melun, Senlis, Verdun, Lunéville, et les autres garnisons de l’Est. Périodes toutes d’entraînement, coupées chaque année par les grandes manœuvres ou certaines démonstrations importantes, comme la revue du camp Châlons par le tsar de toutes les Russies Nicolas II, le 9 octobre 1896.
1 – Les opérations en 1914
1.1 – La campagne en Belgique (août 1914)
En juillet 1914, le 2ème Hussards aux ordres du colonel Gouzil (1914-1917) forme avec le 4ème Hussards, la 4ème Brigade Légère (général Requichot) de la 4ème Division de Cavalerie (général Abonneau, chef d’état-major commandant Audiat-Thierry) : le 2ème Hussards est à l’époque armée de lances. La 4ème D.C comprend aussi une brigade de Cuirassiers (3ème et 4ème Cuirassiers), une brigade de Dragons (28ème et 30ème Dragons), des éléments d’artillerie et des chasseurs cyclistes.
La guerre éclate le 4 août 1914 mais le régiment est placé en alerte dans la nuit du 30 au 31 juillet et en couverture à Billy-sous-Mangiennes, à 10 km au sud de Longuyon dès le 1er août. Le 5ème escadron du régiment organisé avec les réservistes rappelés par l’ordre de mobilisation générale est associé avec le 5ème escadron du 4ème Hussards pour participer sous les ordres du lieutenant-colonel Chevillot à la défense mobile de Verdun. Le 6 août, la 4ème Brigade Légère déchargée de sa mission de couverture reçoit l’ordre de gagner la Belgique par Jametz et Montmédy, tandis que la 4ème Division de Cavalerie est désormais placée sous les ordres du Général Sordet, commandant le Corps de Cavalerie. Le même jour, à quatorze heures, les « Chamborant » passent la frontière belge à Limes sous les ovations de la population belge. Le 2ème Hussards gagne Fresnois, dans la vallée de la Semoy, encadrée au nord par la forêt de Neufchâteau, au sud par celle de Virton, qui en se rejoignant à l’ouest d’Arlon, forment le défilé encaissé de Stockem : l’action se concentre principalement en Gaume et dans le pays d’Arlon.
Le 7 août, la Brigade Légère a pour mission de reconnaître si Stockem et Arlon sont occupés par les Allemands. Le régiment défile devant le général d’Abonneau qui dit : « Eh bien, les hussards de Chamborant, vous allez faire l’avant-garde ce matin et montrez-nous que vous avez autant de poil que vos anciens ». Le 2ème Hussards, lui, gagne Etalle et Vance, le 4ème escadron fournit les avant-postes. Dans cette journée mémorable du 7 août 1914, le régiment va être engagé par quatre fois avec succès contre un fort détachement de recherche du renseignement comprenant le 3ème escadron du 7ème Chasseurs à cheval allemand, commandé par le capitaine von Haeseler (en garnison à Trèves) renforcé d’une patrouille du 8ème Dragons, d’’un détachement cycliste du 6ème Bataillon de Chasseurs, de quelques cavaliers du 21ème Dragons et d’une automobile de l’état-major équipée d’’une mitrailleuse légère : le temps est médiocre et il pleut abondamment.
Une première escarmouche vers 10 h oppose avec succès à Chatillon, le peloton du lieutenant Guyot (3ème escadron) à une patrouille de la colonne allemande qui perd 2 cavaliers un prisonnier et 4 blessés : le peloton du lieutenant Guyont compte 6 blessés. Dans les faubourgs de Vance, vers 12 h 30, le détachement allemand essuie une furieuse fusillade de la part des hussards du peloton du lieutenant de Bouglon (2ème escadron). Les Allemands renoncent à reconnaître Vance et semblent retraiter vers l’est et le village d’Arlon.
Mais vers 13 h 30, le peloton Roman-Amat (4ème peloton du 1er escadron) dissimulé dans un groupe de maisons au bord d’un vaste plateau à l’est de Vance, observe un peloton de cavaliers allemands qui après l’escarmouche avec le peloton Bouglon se reforme sur le plateau au sud de la route et à l’est du faubourg de Vance. Le lieutenant Roman-Amat à la tête de son peloton, sort en trombe des maisons, lances basses et charge au galop ordinaire puis, allongé, pendant que ses sous-officiers crient « Alignez-vous et lance basse ». A la tête de son peloton, le lieutenant Roman-Amat désarçonne un officier du 7ème Chasseurs en lui passant son sabre au travers du corps. S’ensuit un combat violent à la lance contre un peloton du 3ème escadron du 7ème Chasseurs à cheval allemand : au moins deux chasseurs à cheval allemands sont tués dans l’engagement, sans parler d’une dizaine de blessés.
Après l’engagement, le terrain est jonché d’équipements, de lances… et de bicyclettes. La poursuite menée sur trois kilomètres a permis de capturer quinze chevaux et deux cavaliers. L’oberleutenant von Bülow, blessé à la poitrine, mourra le lendemain à Arlon. Le lieutenant Roman-Amat est lui blessé par une balle de pistolet qui le transperce de part en part : 10 cavaliers du peloton Roman sont aussi blessés et 3 chevaux sont tués.
Pendant ce temps, les 3ème et 4ème escadrons, conduits par le colonel Gouzil, progressent sous la pluie battante dans un terrain boisé et arrivent à huit cents mètres d’Arlon. Le 4ème escadron en tête, se heurte vers 14 h avec trois de ses pelotons (sous-lieutenant de Rolland , lieutenants Lefebvre et Billot) au sud de Stockem au gros de la colonne allemande qui retraite depuis Vance. Charge furieuse conduite par le lieutenant de Thomel d’Orgeix qui coûte aux Allemands une quarantaine d’hommes et l’automobile de l’état-major. Le capitaine-commandant von Haeseler est grièvement blessé ; le major baron von der Goltz , blessé dans le combat devant Vance, agonise dans l’automobile d’état-major ; le sous-lieutenant Jobst Knigge est tué d’un coup de lance : le colonel Gouzil observe 4 cavaliers allemands fuyant avec une lance plantée dans le dos.
Cette journée du 7 août 1914, qui avait ainsi présidé au baptême du feu des « Chamborant », coûtait aux cavaliers ennemis 40 tués, 30 blessés, 12 prisonniers, une automobile, une mitrailleuse et des dizaines de chevaux. Cette suite de combats permettait enfin, dans ce secteur, l’identification des 3ème et 6ème Divisions de Cavalerie allemande. De notre côté pour cette journée, on déplorait deux disparus, 20 blessés dont le lieutenant Roman-Amat et la perte de 9 chevaux. C’est à eux que le 4ème escadron de notre régiment doit son nom glorieux : Stockem.(Récit détaillé de la charge par le Lieutenant de Rolland sur la page de l’escadron selon le récit de son livre – ci-contre)
Le 12 août, le lieutenant de Bouglon (2ème escadron) bouscule à Etalle 3 pelotons du 6ème régiment de Uhlans commandés par le sous-lieutenant von Ibell qui déplorent la perte d’au moins 6 cavaliers et 5 chevaux. Dans le même temps à Jamoigne, une patrouille conduite par le maréchal des logis Deschamps du peloton du lieutenant de Gimel (2ème escadron), capture après une fusillade entre des cavaliers allemands et le 51ème R.I, trois prisonniers dont un vétérinaire du 4ème Hussards de Breslau et un sous officier et deux blessés dont un officier. Poursuivant la mission de son escadron, le capitaine de Labeau (2ème escadron) poursuit l’exploration de la zone autour d’Etalle. Le matin du 14 août seulement accompagné du hussard Lambrot, ils engagent le combat à l’arme blanche contre le 4ème escadron du 8ème Dragons à Saint Vincent et mettent 4 dragons hors de combat avant que le peloton Costa de Beauregard (2ème escadron) intervienne à son tour et engage la poursuite : 7 autres dragons sont mis hors de combat et 2 autres sont prisonniers. L’escadron de Labeau a perdu sur l’’ensemble de cette mission de reconnaissance, c’est-à-dire depuis le 10 août, 3 blessés.
Pour ces actions dans le pays de Gaume, les lieutenants de Rolland et de Bouglon furent cités à l’ordre de l’armée. Le colonel Gouzil fut lui aussi cité à l’ordre de l’armée : « S’est distingué par sa bravoure en toutes circonstances, en particulier au combat du 7 août où il détruisit deux escadrons ennemis et s’’empara après un brillant engagement d’une automobile centre de renseignements ». Le capitaine de Labeau et le lieutenant Roman-Amat reçurent la légion d’honneur, le maréchal des logis Duffaud et le hussard Lambrot obtinrent la médaille militaire.
1.2 – La retraite et la bataille de la Marne (septembre 1914)
Dès le 24 août, le 2ème Hussards redéployé participe à la retraite vers la Marne. Le 3 septembre, le Régiment couvre, à Château-Thierry, le passage de la Marne par les troupes du XVIIIème corps d’’armée. Il franchit la rivière à Mézy. Il fait alors une chaleur intense dont les survivants garderont le souvenir : « Si l’on a résisté, c’’est que les hommes, rompus à la forte discipline pratiquée dans la cavalerie et animés par un esprit patriotique élevé, continuaient à avancer avec une constance admirable bien qu’arrivés au dernier degré d’épuisement« .
Le peloton du lieutenant de Gimel (1er escadron) en reconnaissance vers Fère-en-Tardenois n’a pas pu être rappelé à temps et n’a pas réussi à passer la Marne. De tous côtés, il se heurte à des colonnes allemandes qui progressent rapidement ; il parvient à leur échapper, recueille une patrouille perdue du 6ème Cuirassiers, bouscule quelques patrouilles stupéfaites de tant d’audace, traverse sabre en main un peloton de Uhlans à Mont-Saint-Père.
Le lieutenant de Gimel a reçu une balle dans le poumon droit, mais entraîne tout son monde en bon ordre vers la rivière, vers les troupes amies… les sabots des petits chevaux tarbais claquent sur le pont qui les conduit vers le salut…; miné, le pont saute et s’effondre dans un chaos inextricable de poutrelles, de chevaux, d’armes et d’uniformes bleu clair. Seuls, quatre cavaliers regagneront nos lignes. Le lieutenant de Gimel très grièvement blessé, prisonnier des allemands, fut libéré par les Français après la victoire de la Marne et reçut la légion d’honneur avec la citation suivante : « Etant en découverte le 5 septembre 1914 avec son peloton et s’étant trouvé entouré, a fait une trouée au milieu de l’ennemi et a été blessé très grièvement ».
Le 1er septembre 1914, le hussard conducteur automobile Charles Nungesser accompagne le lieutenant Ninnin (1er escadron) qui a reçu mission d’aller sonder le massif de Saint Gobain vers Anizy-le-Château et Coucy-le-Château. Le hussard Charles Nungesser était rentré en France en mai 1914 après une vie aventureuse en Amérique du Sud où il était parti rejoindre un de ses oncles dans l’espoir de trouver une situation : il fut alors incorporé au 2ème régiment de Hussards et prit part aux combats d’août 1914.
Sur la route de Coucy à Soissons, le lieutenant Nissin est blessé : une voiture est réquisitionnée et Nungesser prend le volant. En tentant une nouvelle reconnaissance sur la route d’Anizy-le-Château, ils sont pris à parti par le feu de l’ennemi et sont sauvé par la parfaite maîtrise de la conduite automobile de Nungesser : il est vrai qu’il avait été participé à des courses automobile en Argentine. Le hussard Nungesser veille avant tout chose à mettre son officier à l’abri et le confie à un détachement d’infanterie qui place le lieutenant Nissin sur un cheval, retraite en sécurité et parvient à rejoindre le 1er Tirailleurs, arrière-garde du 13ème Corps.
Une nouvelle mission est alors confiée à Nungesser d’aller à tout prix à Laon, chercher des renforts. Accompagné de deux fantassins, le véhicule est pris à parti par l’’ennemi et immédiatement immobilisé dans la forêt de Saint Gobain. Nungesser et ses deux compagnons sont obligés de l’abandonner et se cachent dans la forêt pour éviter la capture. Nungesser voit alors arriver une automobile de marque Mors d’un état major allemand montée par un colonel de la Garde, un capitaine de cuirassier et deux lieutenants. Il prend l’initiative d’attaquer le véhicule pour le capturer et ainsi rejoindre les lignes françaises. Nungesser et ses camarades ouvrent le feu, tuent tous les occupants du véhicule, capturent l’engin, jètent rapidement sur leurs épaules des manteaux des victimes et rentrent dans les lignes françaises à grande vitesse en emportant les papiers qu’elle contient. Arrivant en trombe à l’état-major avec son véhicule de prise, après un temps d’interrogation et de suspicion sur ce hussard vêtu d’un uniforme d’’officier allemand et conduisant un véhicule ennemi, les doutes sont rapidement levés devant l’importance des papiers capturés. Le général lui dit : » Tu es hussard ; tu as pris une Mors, tu seras le hussard de la Mors « . Le hussard Nungesser fut immédiatement nommé brigadier et décoré de la médaille militaire : « Le 3 septembre [1914], son officier ayant été blessé au cours d’une reconnaissance, le mit d’abord à l’abri ; puis, avec l’aide de quelques fantassins, après avoir mis les officiers qui l’occupaient hors de combat, s’empara d’une auto et rapporta les papiers qu’elle contenait en traversant une région battue par les feux de l’ennemi ».
Passé à sa demande dans l’aviation, d’abord dans l’escadrille VB 106 où il participa à 53 missions de bombardement sur avion Voisin. Après une 1ère victoire aérienne le 30 juillet 1915, il passé dans une escadrille de chasse et il devint le 3ème As de l’’aviation française avec 43 victoires officielles, après Fonck (75 victoires) et Guynemer (53 victoires). Devenu officier, il portera jusqu’à la fin de la guerre le képi du 2e Hussards (actuellement conservé avec sa vareuse au Musée de l’’air et de l’’espace du Bourget).
Comme lui de nombreux officiers et sous-officiers de hussards , après l’’exaltation du début de la campagne demandèrent à passer dans l’aviation, d’abord comme observateur, puis comme pilote. Le lieutenant Emile Gouin du 2ème Hussards participe dès les premiers jours à la guerre comme pilote d’’un avion Blériot de l’Escadrille Provisoire de Cavalerie n° 4 (BLC4) de Stenay, rattachée à la 4ème Division de Cavalerie : il obtient 2 citations à l’ordre de la Division de Cavalerie les 5 et 11 août 1914. Le maréchal des logis comte Jacques Decazes de Glucksbierg, frère du 4ème duc de Decazes , devient pilote d’avion Caudron avant de tomber en combat aérien le 15 mars 1916, près de Beaumont en Beine (Aisne). Comme lui le lieutenant de Rolland passe dans l’aviation en 1915 : son avion est abattu au cours d’un raid sur Metz. Prisonnier, il tenta 3 fois de s’’évader et ne rentra en France qu’’après l’Armistice.
1.3 – La course à la mer et les opérations en Flandres (septembre octobre 1914)
Avec les premiers succès sur la Marne, les « Chamborant » franchissent de nouveau La Marne à Chézy le 9 septembre et se portent sur la Ferté Gaucher, enlèvent Hartennes-et-Taux et poussent jusqu’à l’Aisne qui est franchie à Maizy le 13 septembre. Après une quinzaine de jours de repos dans la région de Reims, on les embarque dans la gare d’Epernay le 30 septembre à destination d’Arras, afin de participer aux combats de la Course à la Mer : ce sont les combats en octobre près de Lens, de Lille et de Merville. Premier combat à pied à la carabine et sans baïonnette, le 13 octobre, où les hussards passent à l’’attaque à Neuf-Berquin et s’en emparent le lendemain : le sous-lieutenant Mauger (1er escadron) est tué pendant l’action du 13. Le 16, envoyés en direction de la forêt d’Houthulst, ils atteignent Merckem et prennent pour la première fois les tranchées sur l’Yser, à Driegrachten. Le maréchal des logis Daoust « grièvement blessé d’’une balle au bras, le 18 octobre, au cours d’une reconnaissance » reçut la médaille militaire.
Le 2ème escadron en entier, commandé par le capitaine de Labeau est l’objet d’une citation à l’ordre de la 4ème Division de Cavalerie pour « avoir accompli d’une façon remarquable une mission de reconnaissance de six jours dans la région d’Ypres au cours de laquelle il a fait preuve d’une endurance et d’une énergie dignes de tous les éloges et en particulier dans cet escadron, le lieutenant Le Mintier de la Motte-Basse » qui entraîne l’attribution de la croix de guerre 1914-18, avec étoile d’argent au fanion du 2e escadron. Le régiment gagne sur son étendard l’inscription Flandres-1914, pour tous les combats d’octobre 1914.
Et c’est alors, avec une triste Toussaint, la fin des grandes chevauchées ;… désormais enfouis dans le sol pour une guerre de taupes, les cavaliers vont combattre pendant quatre ans comme les fantassins, sous le casque d’acier bleu à grenade.
2 – Les opérations en Artois et en Champagne (1915)
Les chevaux mangent leur fourrage au cantonnement, dans les villages de l’arrière dans l’attente d’une percée qui ne vient pas. Les hommes tiennent les secteurs de Nieuport, de Saint-Georges (décembre 1914-janvier 1915), où est tué le lieutenant Edme Andras de Marcy, commandant la section de mitrailleuses du régiment , d’Arras (de février à mai), Neuville-Saint Vaast et Aix Noulette (juillet et août 1915), où le régiment déplore 11 morts en 3 jours entre le 8 et le 11 août 1915.
Le régiment après son séjour en Artois est déplacé sur le front de Champagne où se prépare une nouvelle offensive. Après la charge réussie du 5ème Hussards sur la ferme de Beauséjour le matin du 25 septembre et l’échec sanglant du 11ème Chasseurs en fin de matinée, le 2e Hussards renonce à charger sur les tranchées allemandes. Le 29 septembre 1915, en Champagne, l’escadron à pied du 2ème Hussards se lance à l’attaque à l’ouest de la ferme de Navarin, des tranchées de Lubeck, des Tantes et des Homosexuels sous un barrage effroyable de canons de 105 et de mitrailleuses. Il y laisse quatre officiers, huit sous-officiers et cent vingt cavaliers, tués ou blessés.
3 – Le 2ème Hussards de la Somme (1916) à la Champagne (1917)
Le 25 octobre 1915, le régiment tient les tranchées de Baconnes, entre Vesle et Suippes et restera dans ce secteur pendant près de sept mois. Une deuxième section de mitrailleuses et un 9ème escadron furent constitués au 2ème Hussards. Le régiment au complet fut déplacé en juin 1916 sur le front de la Somme : sa mission était de se porter sur Chaulnes si la percée réussissait pendant l’offensive du 1er juillet : échec. Dans le même temps les éléments de son escadron à pied, appartenant au groupe léger de la 4ème D.C, sont intégrés dans le 3ème Bataillon du 5e Cuirassièmers à pied formé le 1er juin 1916. A la reprise de l’offensive en septembre, nouvelle attente, nouvelle déception.
Le 2ème Hussards reprit les tranchées début novembre à Chilly où le régiment enregistre cinq pertes dont un officier, puis à Vailly au confluent de l’Aisne et de la Vesle. Le régiment fut mis en réserve dans l’attente de l’offensive du Chemin des Dames (16 avril 1917) qui fut malheureusement un échec sanglant pour l’Armée française.
En 1917, en Champagne, il repousse des coups de main dans les tranchées du Niger, en Champagne. C’est là que le 30 juillet, au cours d’une violente attaque appuyée par un tir massif d’artillerie lourde, sous le feu des canons de 150 et de 210 nivelant les boyaux et effondrant les sapes, les « Chamborant » tiendront héroïquement malgré des pertes sévères.
4 – Les combats sur l’Avre, la 2ème bataille de la Marne et la Belgique
Après une période de repos, le 2ème Hussards rejoint le front de la Somme. En avril 1918, libérés de la menace russe après la paix de Brest-Litovsk, les Allemands lancent plusieurs offensives sur le front français. Ils franchissent l’’Avre et font une large brèche dans les lignes britanniques au cours de l’offensive du 21 mars. Les Anglais lâchent pied, Amiens est menacé. Des troupes françaises, dont le 2ème Hussards aux ordres du colonel Chevillot (1917-1919), sont jetées dans la bataille pour colmater la percée allemande. Les éléments du 2ème Hussards contre-attaquent dès le 4 avril aux lisières du bois de l’Arrière Cour entre Merville-aux-Bois et Morival, dans le canton d’Ailly sur Noye (Somme) : le détachement à pied se bat si farouchement qu’en trois jours, il est réduit à trente hommes, laissant sur le champ de bataille deux officiers tués et deux blessés sur quatre, vingt-cinq hussards tués et cinquante blessés, soit 75% de l’effectif hors de combat. Quelques jours après, le général commandant la 163ème D.I. adressera ses félicitations au régiment, qui avait entre temps pris deux mitrailleuses et fait vingt-cinq prisonniers.
La croix de guerre 1914-1918 avec palme pour citation à l’ordre de l’armée est attribuée aux 3ème et 4ème escadrons formant la compagnie de marche du 2ème Hussards sous le commandement du capitaine Douence : « Le 4 avril 1918, sous la conduite du capitaine Douence a fait preuve d’un superbe entrain et le magnifique courage dont il a fait preuve, en exécutant de concert avec d’’autres troupes cette brillante contre-attaque qui a repris à l’ennemi une position importante. A fait 25 prisonniers et pris 2 mitrailleuses ».
Le 3ème Escadron en a gardé le nom : Le bois de l’Arrière Cour, et le régiment porte dans les plis de son étendard, L’Avre-1918 en souvenir des terribles combats d’avril 1918.
C’est alors la reprise de l’offensive voulue par Foch. Comme en 1914, le 2ème Régiment de Hussards monte à cheval, combat dans les environs de Château-Thierry (juin) où il déplore 4 morts le 4 juin 1918, Villers-Cotterêts (juillet) et reparaît en Belgique pour la bataille décisive d’’octobre. Il poursuit l’ennemi en pleine déroute à Menin où le peloton du sous-lieutenant de Loriot obtint une lettre de félicitations du général commandant la 88ème brigade d’infanterie britannique, attaque les arrières et franchit l’Escaut le 10 novembre. Le 11 novembre 1918, le 2ème Hussards est à Brakel.
Après l’Armistice le régiment traverse Bruxelles (21 novembre), Liège (où il a l’honneur de défiler le 21 décembre devant le général Degoutte, commandant l’Armée, avec toute la 4ème D.C. qui précède la 41ème D.I.), le Luxembourg, pour s’installer dans la région de Simmern jusqu’en mars 1919, puis à Ingelheim (entre Bingen et Mayence) jusqu’en 1920, sous les ordres du colonel Boullaire (1919-1920).
Pour la durée de la guerre 14-18, les officiers, sous-officiers et hussards se virent décerner 680 citations dont :
• 1 citation collective à l’ordre de la 1ère Armée (3ème et 4ème escadrons)
• 1 citation collective à l’ordre de la 4ème Division de Cavalerie (2ème escadron)
• 32 citations individuelles à l’ordre de l’Armée
• 34 citations individuelles à l’ordre du Corps de Cavalerie
• 101 citations individuelles à l’ordre de la 4ème Division de Cavalerie
• 36 citations individuelles à l’ordre de la Brigade
• 475 citations individuelles à l’ordre du Régiment.
Le Mémorial 1914 -1918
Au 90ème Anniversaire de l’Armistice le Régiment a rendu honneur à ses morts pour la France au travers d’une page Mémorial, fruit du travail de recherche du Chef d’Escadrons ® MASSONI dans les Journaux de Marche et Opérations (JMOs) du régiment, récemment publiés sur le site « Mémoire des Hommes » du Secrétariat Général à l’administration.