La Période Contemporaine (1945-1996)

Textes du Chef d’Escadrons © Gérard-Antoine MASSONI, docteur en histoire

Le 2ème Régiment de Hussards fut reconstitué à Orléans le 1er avril 1946, remplaçant le 4ème Hussards. Il reçut à ce moment des chars Pershing, et plus tard des AMX. Jusqu’en 1979, il va tenir garnison au quartier de Sonis à Orléans, quartier dont le nom honore un officier du 5ème puis du 7ème Hussards, un cavalier de l’Armée d’Afrique, le héros de la charge de Loigny en 1870.

Peloton de chars Sherman, mod. M4 A1 E8 – 3e escadron du Capitaine Parquet – 1951

 Collection salle d’honneur 2ème Hussards

Le 1er décembre 1953, il est affecté à la 8ème Division d’Infanterie et comporte deux groupes d’escadrons, l’un équipé de chars américains Pershing, et l’autre de chars AMX 13.

Ses cadres de carrière participeront à la guerre d’Indochine, avec un minimum de pertes. De même, dès 1955, le Régiment subit de nombreuses mutations dans son personnel, causées par le rappel des disponibles et l’envoi de renforts en Afrique du Nord. Cela va durer un an et demi, époque au cours de laquelle les Chamborant essaiment dans diverses formations de l’A.B.C. et de l’Infanterie.

Ainsi sont successivement mutés, les 10 et 16 août 1955 au 3ème Hussards qui opère dans la région d’Oran, un détachement comptant trois officiers, dix sous-officiers et soixante-quinze hussards, puis le deuxième escadron au complet. Ils ne reviendront au quartier de Sonis que le 5 mars en 1956.

Puis c’est au tour des détachements prélevés sur le Régiment de partir pour l’Afrique du Nord. Le 30 novembre, un officier, vingt-trois sous-officiers et cent quarante sept cavaliers vont grossir les rangs du 3ème R.I.C. Le 16 avril 1956, c’est le 2ème R.I.C. qui reçoit un renfort de cinquante-neuf hussards, et, quatre jours plus tard, deux officiers, trois sous-officiers et deux cent trente-huit cavaliers sont mutés au 25ème Dragons.

Enfin, le 2 mai, le 2ème Hussards est chargé de la mise sur pied d’un bataillon d’Infanterie de formation nouvelle, le 224ème B.I. lequel quittera Orléans le 17 à destination de l’Afrique du Nord.

Mais ce n’est pas tout. Le commandement veut unifier l’instruction des recrues, et n’emploie que des fantassins en Afrique du Nord. C’est donc seulement une instruction de fantassins qui sera donnée aux jeunes soldats, quitte à priver momentanément l’armée de spécialistes plusieurs années durant. La décision ministérielle du 23 avril 1956 fixe donc un nouvel avatar au 2ème Hussards, qui devient centre d’Instruction d’Infanterie, sous les ordres du colonel Bernard, qui décidera cependant, pour maintenir la tradition, de conserver «cinq trompettes, cinq chevaux et cinq chars…». Cette transformation deviendra effective le 1er juin 1956.

De nouveaux détachements partiront donc pour l’Afrique. Le 26 juin, c’est le détachement «Pâquerette», à l’effectif de dix officiers, vingt-cinq sous-officiers et deux cent cinquante hussards. Les 29 juin et 4 juillet, pour sa participation au plan BUGEAUD I, comprenant la relève des disponibles, le nouveau centre fournit un sous-officier et vingt-six hussards au 24ème Dragons, ainsi que soixante-quinze cavaliers au 25ème Dragons et au 9ème R.I.C.

Mentionnons aussi les envois du 1er septembre 1956 : vingt-cinq hussards au 24ème Dragons, vingt-trois au 26ème Dragons, deux cent trois au 224ème B.I.; le 2 novembre 1956, le centre dotera encore de quarante-huit cavaliers le 7ème Hussards, et le 10 novembre le 24ème Régiment de Dragons.

En 1958, le 2ème Régiment de Hussards occupera une fonction qui correspond davantage à sa vocation : il devient «Centre d’Instruction Arme Blindée et Cavalerie 2ème Hussards», et forme les équipages sur AMM 8, AMM 20, AMX 13 et AML.

Le 2ème Régiment de Hussards ne retrouvera véritablement son rôle de régiment que le 1er septembre 1962, où il sera renforcé du 12ème Régiment de Dragons, le glorieux «Artois-Dragons». Sous les ordres du colonel Méry, futur chef d’Etat-Major des Armées, il sera alors un Régiment de Cavalerie Légère Blindée des Forces du Territoire, à quatre escadrons sur AML.

Etendard du 2e Hussards à l’entrée du quartier Sonis à Orléans. Le régiment fut équipé d’AML à partir de 1962. Collection salle d’honneur 2ème Hussards.

De 1975 à 1977, il sera commandé par le colonel Dupuy de la Grand’Rive, futur inspecteur de l’Arme Blindée et de la Cavalerie.

Depuis le 1er juillet 1979, le 2ème Régiment de Hussards est stationné à Sourdun, au quartier De Lattre de Tassigny, jusqu’ici occupé par le 9ème Hussards, qui sera dissout à cette date. Régiment de Reconnaissance du 3ème Corps d’Armée, avec trois escadrons sur AMX 10 RC, puis 4 escadrons et un escadron anti-chars sur VAB-HOT, le régiment passa sous le commandement de la 10ème DB.

Il reçut mission d’expérimenter l’AMX 10 RC lors de sa mise en service, et plus récemment le VBL.

Insigne du TEXEL qui rappelle l’utilisation des 10RC de 191 à 2002

Régiment de prestige, le 2ème Hussards est quelque fois mis à contribution à l’occasion de réceptions officielles. Ainsi, les 14 et 15 novembre 1988, le Lieutenantcolonel d’Harcourt, chef de corps, accueillera-t-il à Sourdun le prince Frederik, futur souverain de Danemark.

De 1989 à 1996 l’incertitude et l’isolement apparaissent comme les caractéristiques de la lente évolution du 2ème Régiment de Hussards alors que le monde est en pleine mutation ; les cadres de Chamborant n’ont pas le sentiment d’être des acteurs dans le nouveau contexte géostratégique qui voit l’engagement des forces françaises sur l’ensemble des conflits mondiaux.

Pourtant, le régiment doit faire face à de nombreux défis. Dernier régiment de reconnaissance de corps d’armée au profit du 3ème corps stationné à Lille, il confirme ses capacités opérationnelles lors de nombreux exercices en terrain libre. De plus, les Chamborant se voient confier une nouvelle mission, celle de former avec le 152ème Régiment d’Infanterie et le 6ème Régiment d’Hélicoptères de Combat le Groupe d’Intervention et de Sûreté du Corps d’Armée. Ainsi, en plus du tir canon, le régiment excelle dans la tactique du raid blindé sur les arrières de l’ennemi.

Ainsi, pour accomplir l’ensemble de ses missions, le 2ème Régiment de Hussards adopte la structure suivante :

  • 3 escadrons de douze AMX 10 RC (TEXEL, SIDI-BRAHIM, STOCKEM)
  • 1 escadron de HOT sur VAB Méphisto (BOIS DE L’ARRIERE COUR)
  • 1 escadron d’instruction (MONTEREAU)
  • 1 escadron de commandement et de soutien (ONCQUES NE FALLIS) .

C’est dans ce contexte qu’en 1989 le 2ème Escadron perçoit les premiers VBL de l’armée de terre pour faire l’expérimentation technique du véhicule. Donc, en liaison avec la S.T.A.T, les Hussards de Chamborant sont chargés d’assurer le vieillissement du blindé tout comme avaient fait leurs anciens dix ans plus tôt en percevant les AMX 10 RC. Après une année à servir ce matériel, l’escadron SIDI BRAHIM a dû se séparer des VBL pour que l’Escadron d’Eclairage Divisionnaire de la 2ème Division Blindée puisse effectuer l’expérimentation tactique.

Maîtrisant ainsi ce véhicule plus que tout autres, le maréchal des logis de Vaucorbeil reçoit comme mission d’être le pilote du Général Morillon en Bosnie-Herzégovine et notamment à Sarajevo au pire instant de la guerre. Faisant preuve d’un grand courage sous les feux serbes, il sauva la vie de plusieurs personnes sur Sniper Alley ; il reçut la croix de la Valeur Militaire.

Le régiment est alors commandé par le Colonel Bart lorsqu’en 1990 le 4ème Escadron avec à sa tête le Capitaine Denicolas met sur pied un escadron formé à partir de volontaires du contingent pour participer à l’opération « Tempête du Désert ». Dès lors, un entraînement intensif va durer six mois pour l’ensemble des personnels de STOCKEM qui répondent présent à l’ensemble des contrôles opérationnels. Malheureusement, le gouvernement refuse l’envoi de soldats issus de la conscription en Irak. Pire, l’escadron se voit dans l’obligation de verser ses douze AMX10RC aux Marsouins de la 9èmeDivision d’Infanterie de Marine et perçoit à la place douze ERC 90 Sagaie. Ainsi, nombreux cadres de Chamborant s’interrogent sur leur utilité dans ce nouveau contexte mondial.

Toutefois, en novembre 1991, le 4ème Escadron s’envole pour quatre mois en direction de la Guyane française en tant que compagnie tournante au sein du 3ème Régiment Etranger d’Infanterie. Ainsi, les Chamborant portent haut et fiers le brun et l’azur de leur fanion dans la jungle équatorienne. Le Capitaine Denicolas et son adjoint le Lieutenant Devillier entraînent les quatre sections de marche le long du fleuve Maroni et au Centre d’Entraînement en Forêt Equatoriale. A leur retour en métropole, les Hussards de STOCKEM étaient attendus à l’aéroport d’Orly par le Chef de Corps, le colonel Millet, ainsi que la fanfare régimentaire offrant une aubade en tenue empire au milieu de la foule.

Dès lors, le régiment met le pied à l’étrier dans le créneau des opérations extérieures jusqu’alors réservées aux troupes professionnelles. Ainsi, en 1993, le régiment commandé par le colonel Martin arme sous les ordres du Lieutenant Piochot de Ravisy une section de protection au profit du Détachement de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre à Split en Croatie. Le 2ème Hussards partage avec le 152ème R.I cette auto relève dans les Balkans. Les Lieutenants Vincendet et Trullemans vont donc se succéder comme chefs de section d’une quarantaine de Hussards issus du contingent assurant des missions de protection de sites et d’escortes de convois. En 1994, le Lieutenant Cochet prend à son tour le commandement de la section de protection du Bataillon de Génie à Kakanj dans le nord de la Bosnie Herzégovine durant un mandat hiver. A cela, il faut ajouter l’ensemble des départs individuels des cadres de Chamborant en ex-Yougoslavie ou en Afrique. Portant ces missions restent malheureusement que trop sporadiques aux yeux des cadres du régiment qui tous veulent partager cette expérience des opérations extérieures.

C’est en 1995 que les Hussards de Chamborant renouvellent avec la compagnie tournante du 3ème REI à Kourou en Guyane. En effet, l’Escadron SIDIBRAHIM aux ordres du Capitaine Fontorbre goûte à son tour aux joies de l’Amérique du Sud. En plus du stage d’entraînement en forêt équatoriale, nos fiers Hussards effectuent de nombreuses incursions profondes en forêt, et ont même eu l’honneur d’assurer la protection d’un décollage de la fusée Ariane.

Toutefois, le régiment aussi connaît de nombreuses mutations au cours des années citées. Tout d’abord, en 1993, le 3ème Escadron doit se séparer de ses VAB HOT au profit de P4 MILAN. Ainsi, l’ensemble des moyens HOT du régiment et les adjoints des pelotons anti-chars sont affectés au R.I.C.M alors stationné à Vannes. Les postes MILAN ainsi que des personnels qui vont armer le nouveau 3ème escadron proviennent alors essentiellement du régiment « frère », le 8ème Hussards qui est dissout à l’été 1993. Dès lors, l’escadron va devenir un outil opérationnel beaucoup plus mobile et furtif et qui s’efforcera à partir de 1994 sous le commandement du Capitaine Couchaux à développer sa capacité à s’infiltrer à l’arrière des lignes ennemies.

Le régiment va rentrer dans une période d’incertitudes, ne sachant pas quel va être son avenir. Dès lors, de nombreux projets traitent du futur des Chamborant. Tout d’abord, en accueillant l’étendard du 8ème Régiment de Hussards ainsi que sa salle d’honneur, l’idée d’un régiment à deux groupes d’escadrons prend forme. Mais, le 2-8ème Hussards ne restera qu’un projet. La salle d’honneur du 5ème Hussards rejoint à son tour Sourdun. Puis, le colonel Martin annonce la mutation de l’ensemble du régiment à Satonay dans la banlieue lyonnaise ; deux mois plus tard, la décision tombe, les Chamborant resteront fidèles à leur garnison de Sourdun. Mais un autre avenir se dessine pour le régiment. En 1995, le régiment est prévu de devenir le régiment de reconnaissance de la 27ème Division Alpine. Le Colonel Martin remet alors à son successeur comme Mestre de Camp du régiment, le colonel Michel, le béret traditionnel des troupes de montagne brodé d’une hongroise brune. Cette dernière a d’ailleurs été la volonté du colonel Martin pour marquer l’appartenance des Chamborant dans la confrérie des « frères bruns« .

Deuxième modèle de l’insigne du 5ème Escadron. Le premier modèle portait à sa base la silhouette d’un AMX 10 RC. Cet insigne est actuellement porté par les réservistes du 5ème Escadron.

Finalement, le 2ème Régiment de Hussards est intégré à la 10ème Brigade Blindée dont l’Etat Major est à Chalons en Champagne en 1996. Avec la création du 5ème Escadron qui prend comme nom de tradition « Ferme de CASA-NOVA » en 1994, le 2ème Régiment de Hussards voit ses effectifs et sa capacité opérationnelle s’accroître. Cet escadron commandé par le capitaine Tilly se forme à partir de personnels provenant essentiellement du 5ème Régiment de Chasseurs stationné à Périgueux et dissout en 1994. Cet escadron va de suite démontrer son potentiel opérationnel en participant activement à l’ensemble des exercices régimentaires.

 

Ainsi, en 1996, le 2ème régiment de Hussards a comme structure :

  • 4 Escadrons de 12 AMX 10 RC (TEXEL, SIDI-BRAHIM, STOCKEM, FERME DE CASANOVA)
  • 1 Escadron anti-chars de 24 pièces MILAN (BOIS DE L’ARRIERE COUR)
  • 1 Escadron de Défense et d’Instruction (MONTEREAU)
  • 1 Escadron de commandement et de Logistique (ONCQUES NE FAILLIS).
 

Insigne de l’Escadron de Commandement et de Logistique

Le régiment blindé de recherche du renseignement de la brigade de renseignement

Dès 1996, l’armée de terre a tiré les enseignements des récents engagements et prend en compte les nouveaux éléments de doctrine issus du « Livre Blanc » de la défense, publié en 1994, du nouveau concept d’emploi des forces produit par l’EMAT. Sa déclinaison en doctrine d’emploi des forces terrestres en opérations en 1997, confirme le besoin croissant de la fonction renseignement et valide également le constat de l’insuffisance des moyens en renseignement d’origine humaine préférentiellement dévolus au niveau opératif, alors démuni.

Les travaux de doctrine mettent en effet l’accent sur les espaces lacunaires propres aux engagements dissymétriques qui prévalent depuis la dislocation des blocs traditionnellement antagonistes. De nouveaux espaces de manœuvre rendent désormais possibles les actions de renseignement dans la profondeur par des équipes ou patrouilles légères qui ont la possibilité de s’infiltrer dans les intervalles pour renseigner sur des centres déterminants – soit des objectifs à forte valeur ajoutée – déployés dans la «zone molle» d’un 2ème échelon opératif. Le besoin de disposer d’un nouveau régiment dédié à ces missions de recherche profondes à l’instar de ce que pratiquaient les S.A.S de David Stirling et les « Long Range Desert Patrols » de David Owen est identifié. Le 2ème Hussards est disponible et immédiatement désigné par CEMAT le général Mercier – pour expérimenter dès décembre 1996, un nouveau concept de Régiment Blindé de Recherche de Renseignement (RBRR).

Le R.B.R.R est lancé après une expérimentation initiée par le colonel Michel et menée tambour battant par le colonel Ballarin avec des commandants d’unités tels que les capitaines Mehu au 1er Escadron, Gauthier au 2ème Escadron, Back au 3ème Escadron, Droguet au 4ème Escadron et Pinczon du Sel au 5ème Escadron.

Ce sont des exercices répétés et diversifiés aussi bien sur le terrain, en superposition avec des manœuvres en terrain libre de la 2ème DB, dont il s’agit, par dépassement de déterminer le dispositif, des exercices de simulation conduits sur le système Janus pour évaluer missions, modes d’actions et capacités opérationnelles, des travaux de groupe selon des techniques inédites de « brainstorming » assistées par ordinateur avec les consultants de la société « RGA system ». Pendant 2 années intenses, il fallut concevoir, évaluer un concept d’emploi totalement inédit et en décliner moyennant des expérimentations de toutes natures aussi bien tactiques que techniques en liaison avec la section technique de l’armée de terre, des missions, modes d’action, procédés, équipements destinés à être présentés à l’approbation du CEMAT au titre des fondements d’un régiment totalement nouveau.

Pendant tout ce temps, principalement sous le commandement du colonel Ballarin, ce projet constitua un véritable projet fédérateur. C’est ainsi que ce dernier réussit comme par un tour de magie à fédérer les énergies de la plupart des acteurs du régiment qui dans un même élan d’enthousiasme et d’innovation et moyennant un travail acharné parvinrent à « accoucher » du RBRR, en présentant au cours d’une journée mémorable au général Mercier, tous les aspects relevant du fonctionnement organique et opérationnel du 2ème Hussards reconstruit. Concept d’emploi, missions, procédés, procédures, équipements, cursus et outil de formation lui furent ainsi présentés par des hommes et des femmes convaincus de l’outil qui était en train de voir le jour. Le régiment est finalement organisé pour évoluer jusqu’à sa structure actuelle (2002) :

  • 4 escadrons de recherche (1er, 2ème, 3ème et 4ème Escadrons) qui permettent de mettre sur pied
    • 44 patrouilles blindées à 2 VBL,
    • 4 patrouilles moto (au 1er Escadron)
    • 4 patrouilles « RASIT » (au 2ème Escadron)
    • 2 patrouilles nautiques (au 3ème Escadron)
    • 3 patrouilles de sûreté et d’intervention (au 4ème Escadron)
  • 1 escadron de Réserve (5ème Escadron)
  • 1 escadron de Défense et d’Instruction (EDI)
  • 1 escadron de l’Escadron de Commandement et de Logistique (ECL)

Hussard d’une patrouille nautique du 3ème Escadron

C’est dans cette époque que le 2ème Hussards prit part aux engagements dans les Balkans, au sein du dispositif de la Brigade Centre intégré à la stabilisation force (SFOR) au titre d’un peloton commandé par le lieutenant Lenoan de juin à septembre 97, puis d’un escadron AMX 10 RC commandé par le capitaine Mehu au sein du bataillon français (BATFRA) à Rajlovac d’avril à août 98.

Ce furent en fait les derniers engagements du 2ème Régiment de Hussards en tant que régiment de reconnaissance.

Dès lors, le 2ème Hussards fut engagé officiellement dans une transformation sans précédent qui intervenait simultanément avec la refondation de l’armée de terre suite à la décision du président de la république, M Jacques Chirac, d’interrompre le processus de conscription et de professionnaliser la défense tout en faisant subir à l’armée de terre une diminution d’effectif de 40%, pour se stabiliser à 136 000 hommes.

Eléments d’une patrouille de recherche avec sa caméra thermique (vision nocturne) en observation.

Le 1er août 1998 le régiment quittait officiellement la 10ème DB pour rejoindre la Brigade de Renseignement qui s’enrichissait ainsi simultanément d’un second régiment de recherche humaine et du  Groupement de Recueil d’Informations (GRI).

Simultanément, comme pour consacrer ce nouveau statut le 2ème Hussards était sollicité pour projeter son premier module renseignement auprès de la division multinationale sud-est en Bosnie, et rattaché au Centre de Coordination du Renseignement (CCR), ce dernier étant armé par la Brigade de Renseignement auprès du G2 de la division.

Ce premier module prit le nom de NERETVA et fut armé par 25 personnels commandés par le Capitaine Back qui venait de quitter son commandement. Ce module s’articulait autour d’un détachement de liaison renforcé d’un élément de soutien technique et administratif et de 3 patrouilles de recherche blindées sur véhicules blindés légers (VBL).

Pendant ce temps, au régiment le travail de mutation se poursuivait avec la mise sur pied du Centre d’Instruction Spécialisé Recherche (CISR), la rédaction des procédures opérationnelles, la refonte des cursus et programmes de formation et d’un mémento d’emploi en liaison avec l’école de Saumur.

Dans le même temps, le colonel Lépinette, successeur du colonel Ballarin lançait les procédures afférentes à la mise en dotation des équipements nouveaux et indispensables à l’exécution des nouvelles missions de renseignement (postes radio grande puissance HF, appareils photos, vidéo, dispositifs d’observation à longue distance, GPS, systèmes d’information numérisés…) et poursuivait la montée en puissance de la professionnalisation.

Double enjeu qui consistait à reconstruire un régiment au sein même de la refondation d’une armée de terre en cours de professionnalisation.

Triple mutation pour les cadres, psychologique au titre du style de commandements et des modalités de gestion du personnel, technique au plan des nouveaux équipements et tactiques au plan des savoir-faire opérationnels.

En effet, avec la disparition du RBCA et l’émergence du RBRR, de profondes évolutions voyaient le jour, la plus symbolique étant la disparition progressive des AMX 10 RC au profit des VBL, en 1999, puis définitivement fin 2001. Compte tenu de leur mobilité tactique limitée et de leur puissance de feu excessive, les AMX 10 RC n’étaient plus vraiment adaptés aux missions du régiment et affectaient la crédibilité du nouveau concept.

Hussard en action de renseignement photographique.

Ce fut une période particulièrement difficile pour le régiment qui fut confronté à une situation de déficit en équipements et en personnel simultanément à une surcharge en activités opérationnelles.

Dès le printemps 1999, alors que l’OTAN s’engageait au Kosovo contre la Serbie du président Milosevic, le 2ème Hussards était sollicité à hauteur d’un détachement à 4 patrouilles dont une RASIT renforcé d’un élément léger d’intervention, aux côtés des autres formations de la brigade de renseignement pour constituer aux ordres de cette dernière, un bataillon renseignement. Aux ordres du capitaine Danes, ce détachement, dénommé SITNICA, participa dès lors aux actions de recherche de renseignement préférentiellement au profit de la brigade multinationale nord et de la KFOR.

Puis l’été 2001, sous le commandement du colonel Nicolazo de Barmon, quand le commandement de la KFOR fut confié au général français Valentin, un module spécialisé dans le « renseignement camera » et commandé par le capitaine Mermoz, fut constitué sous bref préavis au profit de l’état-major de la KFOR à Pristina.

Initialement dévolu à la couverture d’événements sous forme de reportages, ce détachement permettait de surcroît de conduire en souplesse et de façcon préférentielle des actions de renseignement plus furtives et plus conformes au concept d’emploi régimentaires, sur toute la zone KFOR.

Pendant tout ce temps le régiment poursuivit la formation de son personnel, mettant l’accent sur la formation physique et morale afin de disposer d’hommes robustes capables d’agir dans la profondeur et l’isolement le plus total, la formation technique et tactique afin de développer l’aptitude à mettre en œuvre des procédés ou procédures spécifiques propres aux missions de renseignement.

VBL du 2ème Hussards

C’est dans ce contexte que se sont développés des séjours d’aguerrissement en milieu froid, au Canada dans le cadre d’échanges annuels avec le 12ème Régiment Blindé du Canada et au centre d’aguerrissement en montagne de Barcelonnette. Par ailleurs des exercices amphibies et aérotransportés se développèrent afin de développer l’interopérabilité des procédures opérationnelles avec l’armée de l’air, l’ALAT et la Marine.

C’est ainsi que 4 ans après la validation du concept RBRR par le général Mercier le 2ème Hussards, poursuit son chemin à travers le temps, conduisant sa propre mutation au rythme des évolutions géopolitiques d’un monde en perpétuel mouvement en s’efforçant de coller au plus près aux besoins opérationnels identifiés par l’armée de terre.

Il est devenu un régiment que l’on pourrait qualifier d’ultra léger, très évolutif, capable de s’adapter rapidement moyennant des équipements de haute technicité qui demandent pour les servir des hommes aguerris et innovants, capable de se remettre en cause presque naturellement. Demain, au 2ème Hussards ce seront quelque 130 VBL répartis en plus d’une cinquantaine de patrouilles qui auront une capacité d’emport d’équipements échantillonnaires mais à haute valeur ajoutée permettant d’acquérir des informations sur différents supports tels que la photo numérique ou argentique, la vidéo, à des distances importantes et de les transmettre au bénéficiaire approprié, selon des moyens de transmissions diversifiés.

C’est ainsi qu’à brève échéance des patrouilles du 2ème Hussards bien que toutes formées au métier de la recherche blindée pourront être spécialisées dans les actions de renseignement en zone urbaine et dans la désignation d’objectifs dans la profondeur. C’est l’excellence dans l’infiltration, le camouflage ou l’utilisation de couvertures d’opportunité ainsi que l’aptitude à mettre en œuvre des équipements de haute technicité qui constituent désormais la spécificité nouvelle du 2ème Hussards. Fidèle à leurs traditions, les Chamborant continuent encore aujourd’hui à œuvrer pour la grandeur de leur pays, et leur fière devise toujours demeure[1].

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[1] 1 Cette devise à remplacé à cette époque l’ancien cri de la maison de CHAMBORANT: ONCQUES NE FAILLIS qui avait été adopté par le régiment jusqu’à la Révolution de 1789. Sous l’Empire, le 2ème Hussards ne possédait donc pas de devise. Aujourd’hui, l’escadron de commandement et des services du régiment conserve pour nom cette ancienne devise des Chamborant