Les Traditions

Avec ses plus trois siècles et demi d’existence sans presqu’aucune interruption, le 2ème Hussards possède une histoire particulièrement riche. Mais il ne suffit pas d’avoir un passé glorieux pour avoir de fortes traditions, celle-ci sont le fruit d’un esprit de corps particulièrement développé depuis très longtemps et qui perdure.

Parmi les symboles marquants qui constituent cette tradition, il en est deux particulièrement vivaces : le nom de tradition « Chamborant » qui au-delà du nom d’un de ses plus grands mestres de camp s’est imposé comme un véritable nom de famille pour tous les Chamborant ayant servi au long des siècles sous l’Etendard du 2ème Hussards et la couleur de ses dolmans, le brun-marron, laquelle lui vient de ce même mestre de camp et est omniprésente au point que les hussards de Chamborant ont été appelés les « frères bruns« .

Le Nom du Régiment

André-Claude de la Clavière Marquis de Chamborant.

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André-Claude de la Clavière Marquis de Chamborant

Si le régiment a été créé en 1735 et a connu des heures de gloire sous plusieurs mestres de camp, c’est au cours de la guerre de Sept ans (1761-1763) qu’ayant pris le commandement par ordonnance royale du 27 août 1761, le marquis André-Claude de Chamborant de la Clavière, âgé de 29 ans, donna son patronyme au régiment qui devint Chamborant-Hussards.

Le nouveau mestre de camp allait démontrer rapidement qu’il possédait toutes les qualités d’un chef d’une unité d’avant-garde notamment lors de l’action du 8 juillet 1762, où avec 300 hussards et 100 dragons, quittant le gros de l’armée française à Fritzlar, le marquis de Chamborant franchit les deux rivières Eder et Diemel malgré les avant-postes ennemis, entre dans la principauté de Waldeck, dissimule sa marche durant les journées du 8, du 9, et, le 10, de grand matin, arrive devant la petite ville de Warburg, occupée par une garnison anglaise forte de 6000 hommes. Chamborant range la majeure partie des hussards en bataille pour intimider l’ennemi et avec le reste, enlève la boulangerie anglaise, brise les canons, saisit un convoi de munitions de guerre, puis il bat en retraite, emmenant tous les chevaux valides qu’il a pu enlever à l’ennemi et faisant couper les jarrets aux autres.

Revenus de leur terreur, les Anglais se jettent à la poursuite, mais notre intrépide mestre de camp, dérobant habilement sa marche, leur échappe et rentre dans les lignes françaises avec outre les chevaux, 61 prisonniers dont un commissaire de guerre anglais. Le détachement français avait parcouru plus de 90 lieues de pays en 4 jours (soit environ 350 km), sans autre perte que 9 hussards et 6 dragons livrés à l’ennemi par des paysans. Cet exploit rendit le marquis de Chamborant et ses cavaliers célébres célèbres dans toute l’armée et le 2ème hussards malgré la disparition des appelations de l’ancien régime et les numéros substitués aux noms des régiments pendant la révolution garde aujourd’hui encore le nom de ce mestre de camp prestigieux.

Avec ses plus trois siècles et demi d’existence sans presqu’aucune interruption, le 2ème Hussards possède une histoire particulièrement riche. Mais il ne suffit pas d’avoir un passé glorieux pour avoir de fortes traditions, celle-ci sont le fruit d’un esprit de corps particulièrement développé depuis très longtemps et qui perdure.

Parmi les symboles marquants qui constituent cette tradition, il en est deux particulièrement vivaces : le nom de tradition « Chamborant » qui au-delà du nom d’un de ses plus grands mestres de camp s’est imposé comme un véritable nom de famille pour tous les Chamborant ayant servi au long des siècles sous l’Etendard du 2ème Hussards et la couleur de ses dolmans, le brun-marron, laquelle lui vient de ce même mestre de camp et est omniprésente au point que les hussards de Chamborant ont été appelés les « frères bruns« .

Les armes de la famille de Chamborant

Le « Brun-Marron »

Hussard de Chamborant 1795

C’est à la fin de 1776 que le marquis de Chamborant dote ses cavaliers de la fameuse tenue sous laquelle ils allaient s’illustrer pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire, le dolman brun-marron, qui restera la tenue de tradition du régiment jusqu’en 1870. Voici, à ce propos, ce que la légende rapporte :

Un après-midi d’automne, parmi les feuillages jaunis de Trianon, la Reine Marie-Antoinette donnait un goûter champêtre, auquel assistait le marquis de Chamborant. Comme on connaissait sa grande compétence pour les choses de la guerre et tout l’intérêt qu’il portait à son régiment, le comte d’Artois lui demanda quelle était la couleur qu’il allait donner à la tenue de ses hussards : « Ma foi, Monseigneur, je n’y ai point encore songé » répondit le marquis de Chamborant. A ce moment, la Reine s’approcha du groupe et se mêla à la conversation.

« Si sa Majesté daigne me donner conseil… » dit en s’inclinant le marquis. La Reine fit la moue un instant, semblant réfléchir, puis, ses beaux yeux se fixant sur un bon père capucin qui disparaissait au milieu du parc : « N’est-ce pas là, dit-elle en souriant, le costume qui conviendrait à vos Houzards ? ». « Parbleu ! Madame, on verra mes moines à l’œuvre » répartit le marquis. Et il adopta, pour son régiment, la nuance des robes des capucins : brun marron.

Associée au bleu céleste, cette couleur est depuis restée LA référence pour tous les Chamborant, y compris les plus illustres, comme en atteste une autre référence très forte à cette couleur « fétiche », signe de ralliement et de cohésion. Il s’agit, peu de temps après sa disparition des uniformes en 1870, de la première résurgence forte qui porte sur une idée de différenciation par la coiffure. Un officier de Chamborant au tout début du XXème siècle rapporte en effet : « Un jour d’avril 1910, un de mes camarades qui était monté la veille au Concours Hippique, vint trouver le colonel Carles de Carbonnières, commandant le 2ème Hussards, alors en garnison à Senlis. Il dit à son chef qu’il avait été abordé, sur le paddock du Grand Palais, par un monsieur de haute taille qui l’avait ainsi interpellé : « Petit, tu diras à ton colonel que si j’avais l’honneur de commander les « Chamborant », je ferai ajouter, au calot bleu ciel de mes hussards, un liseré brun-marron. C’est avec cela qu’on gagne des batailles. J’ai été comme toi lieutenant au 2ème houzards : je suis le général Lyautey ! » Le colonel de Carbonnières suivit ce conseil et, le 31 juillet 1914, le 2ème Hussards entra en campagne avec les couleurs qu’il avait illustrées, depuis près de cent cinquante ans.

Bonnet de police brun liseré et soufflet bleu ciel

Bonnet de police bleu ciel revers brun marron

L’idée d’une coiffure spécifique susceptible de rappeler cette appartenance au brun-marron a ressurgi également à la recréation du régiment en 1945 : l’on trouve alors des bonnets de police bicolores bleu hussards et brun-marron, dont un exemplaire existe dans la salle d’honneur. Ce bonnet de police était porté même au cours des cérémonies comme en témoigne une photo (noir et blanc mais sur laquelle l’on reconnaît bien ces coiffures) de la garde à l’Etendard à cette période, montée sur char TD (Tank Destroyer).

Garde à l’étendard calots de tradition 1945

C’est la même idée qui a prévalu à la mise en place des bérêts brun-marron, imaginés par plusieurs chefs de corps successifs et mis en place par le Colonel de Fontenilles. Adoptées en 2005, portées en présence de personnalités très officielles de notre Armée de terre, notamment lors de la passation de commandement, ces coiffures ont malheureusement fait l’objet d’une cabale de syndicalistes mal léchés et surtout mal informés (http://adefdromil.org/ … cherchez vous-même sur Google mais eux ne méritent même pas un lien de ce site vers le leur … en plus la consultation du dossier incriminé est payante !!!) qui se sont attaqués lâchement au régiment sur une affaire de forme et sur dénonciation d’un traitre à Chamborant, pour le seul plaisir de nuire …

Malgré les procédés infâmes de cette association aguicheuse qui se veut défendre les militaires mais se permet de trainer dans la boue pour faire de l’audience nos anciens, morts sous cette couleur brun-marron, en faisant allusion aux chemises brunes (depuis 1735 !), la hiérarchie, trompée en partie sur la réalité des faits et s’étant rapidement désolidarisée, en a interdit le port, promettant d’y revenir lorsque les esprits se seraient calmés. Elle a néanmoins enterré le solide dossier expliquant la continuité et la logique de ce symbole (à découvrir ici). Après une triste annonce de cette interdiction aux couleurs régimentaires par le Colonel Renard, la fierté des Chamborant a néanmoins permis de résister à ce coup-bas et ils ont recommencé peu à peu à le porter « hors service » et entre eux ; le brun-marron est et restera la couleur de ralliement de notre Régiment. Le béret brun a même fait l’objet d’une ballade sur l’air de la célèbre ballade du bérêt vert (en ligne ici).

2ème Régiment de Hussards Défilé passation de commandement 2005 le Colonel Martin RENARD en tête des Chamborant, en béret brun

 Chamborant

Couverture d’une partition de la Chamborant dédicadée par le CDT DARIZCUREN

Parmi les traditions parmi les plus vivaces, le chant du Régiment, qui fut écrit avant la Seconde Guerre Mondiale par le Capitaine Philippe Constant, est un symbole d’un esprit Chamborant ancré dans les générations anciennes et qui a su traverser jusqu’à aujourd’hui les événements les plus marquants, notamment les épreuves et la dissolution de la Deuxième Guerre Mondiale.

Il est un exemple parfait de cette continuité qui relie les Chamborant d’hier à ceux d’aujourd’hui, lesquels le chantent encore à de nombreuses occasions, repas de corps, pots divers, départs de chef de corps, etc ….
Il est le signe de ralliement même si au fil des années quelques tonalités varient, comme c’est souvent le cas de la tradition orale et faute de se référer au solfège, language propre aux seuls musicens confirmés (qui seront comblés par la partition ci-dessous et pourront ainsi vérifier les erreurs). Pour les non-initiés au solfège, vous pourrez en juger en écoutant l’enregistrement qui ne collera pas forcément parfaitement à vos souvenirs (ou à vos pratiques pour les Chamborant d’aujourd’hui) mais l’essentiel y est.

Les paroles, elles, demeurent, même si le couplet rajouté par le Capitaine Laurent REMUSAT, commandant MONTEREAU en 1985 (?), pour son escadron, a lui aujourd’hui disparu des mémoires.[1]

La partition de musique « La Chamborant » – ci-dessus- avec une dédicace manuscrite du Cdt Darizcuren … provient de la Salle d’Honneur du Régiment. D’après l’insigne imprimé, le document date vraisemblablement des années 1944-1950, le document original est de format 17,5 x 27.

[1] NDW : autant que j’ai pu en juger au cours de mes deux séjours dans les années 90 et 2000 au cours desquelles je n’en ai jamais entendu parler.

Ecoutez "La Chamborant" Marche écrite par le Capitaine Philippe CONSTANT avant la Première Guerre Mondiale

Refrain
Chantons tous : « Noblesse oblige
Chamborant autant »
Gardant au coeur le prestige
Des fiers cavaliers d’antan
Qui méprisant la camarde
Sabraient plein d’allant
Chargeant bravement à la hussarde.

I
En les voyant passer sans monture.
On se dit : « où sont leurs destriers ? »
Car chacun devine à leur allure
Qu’ils sont cavaliers
L’ennemi n’en mènera pas large
Car à ch’val en A .M. en char
Ce seront quand donnera la charge
Toujours les Hussards.

II
Fils de ceux dont les grands sabrent frappent,
Bousculant les rangs ennemis,
Des héros d’Austerlitz, de Jemmapes,
Friedland et Valmy,
Des houzards qui chargent botte à botte,
Au Texel au milieu des glaçons
La cernant, virent toute une flotte
Baisser pavillon.

Couplet ajouté en 1985
N’est plus chanté
Nous les héritiers de Chamborant
Nous garderons la vieille tradition,
Et lorsque nous défilons en rangs,
Derrière le fanion ;
Comme ceux qui malgré leur jeunesse,
Sur les ponts lançés au grand galop,
Sous Pajol, chargeant avec hardiesse
Firent « Montereau » !

III
Terres à conquérir, sol à défendre,
Soleil d’été ou brumes d’hiver,
En Champagne ou dans la boue des Flandres,
Aux bords de l’Yser,
Levant le sabre ou pointant la lance,
Pour charger à travers les taillis ;
Lorsque le 2e hussards s’élance,
« Oncques ne faillis » !

Les Noms des Escadrons

Livret Chamborant des années 50

Les noms des escadrons sont également une tradition déjà ancienne au 2ème Régiment de Hussards, en tous cas pour les 4 unités « de combat » puisqu’une plaquette des années 1950 y fait déjà référence. Il s’agit là encore d’un état d’esprit basé non seulement sur le fait que les escadrons avaient souvent été engagés et s’étaient illustrés séparément depuis des siècles (Sidi Brahim en est un exemple parfait), mais aussi parce que cette esprit de corps (ou esprit de famille, c’est la même chose) avait depuis toujours paru important aux chefs successifs de Chamborant et a montré toute sa force lors des différentes épreuves.[2]

Des noms plus récents ont été associés aux différentes unités au cours de l’histoire récente du régiment comme :

– « Oncques ne faillis« , qui fait référence à la devise familiale du Marquis de Chamborant notre célèbre mestre de camp, pour notre ECS puis ECL,

– « Montereau« , bataille où s’illustrèrent de jeunes recrues pour l’escadron d’instruction EI puis EBI puis EAS,

– ou encore « Ferme de Casa-Nova« , rappelant une brillante et victorieuse charge du Régiment et du 5ème escadron en particulier, lors de la mise sur pied d’une unité de combat supplémentaire, depuis devenue l’unité de réserve du Régiment.

Depuis, l’incorporation au sein du Régiment de deux unités supplémentaires, issues du Groupement de Recueil de l’Information (GRI), selon la tradition régimentaire, deux nouveaux « noms de tradition » qui ont fait l’objet de recherches historiques et de propositions au chef de corps sont apparus : Warburg et Blangy. De même, l’ancien escadron de réserve du 12ème Régiment d’Artillerie d’Haguenau, dont le régiment a pris les quartiers, a pris le nom de Wissembourg, depuis transféré au 5ème Escadron, enfin, le nouvel escadron de traitement et diffusion de renseignement a pris le nom de Bransberg

Vous pouvez retrouver tous ces escadrons et leur historique en naviguant à partir de la page des escadrons.

Avec ses plus trois siècles et demi d’existence sans presqu’aucune interruption, le 2ème Hussards possède une histoire particulièrement riche. Mais il ne suffit pas d’avoir un passé glorieux pour avoir de fortes traditions, celle-ci sont le fruit d’un esprit de corps particulièrement développé depuis très longtemps et qui perdure.

Parmi les symboles marquants qui constituent cette tradition, il en est deux particulièrement vivaces : le nom de tradition « Chamborant » qui au-delà du nom d’un de ses plus grands mestres de camp s’est imposé comme un véritable nom de famille pour tous les Chamborant ayant servi au long des siècles sous l’Etendard du 2ème Hussards et la couleur de ses dolmans, le brun-marron, laquelle lui vient de ce même mestre de camp et est omniprésente au point que les hussards de Chamborant ont été appelés les « frères bruns« .

Le Refrain du Régiment

Il est également à noter que, tout comme le régiment possède un refrain réglementaire (que l’on sonne de nos jours à l’arrivée du chef de corps mais qui servait autrefois à désigner le régiment avant une sonnerie donnant un ordre), chaque escadron possède un refrain particulier et une fanfare dédiée enregistrés par la fanfare dans un CD sous la direction du Trompette Major Lieutenant Eric Conrad et édité en 1998 chez Corélia.

Ces refrains seront bientôt disponibles en ligne ici.

[2] NDW : C’est une chose qu’il a été difficile d’expliquer à un colonel d’une arme bien jeune (les transmissions) qui notait comme un fait défavorable lors d’une inspection au régiment « de trop fortes traditions d’escadrons » qui allaient, selon lui, « à l’encontre de la cohésion régimentaire !!!! » … l’on voit bien qu’il n’avait rien compris de l’esprit Chamborant et de ces traditions qui entretiennent une saine émulation, au travers de références variables mais qui sont toutes rattachées dans le souvenir de nos grands anciens.