« Commandant » Emile Darizcuren
1944
Ancien adjudant-chef de Chasseurs à cheval, promu lieutenant rang, champion de polo dans l’équipe du régiment avant guerre qui gagna de nombreux trophés dont un certain nombre de coupes toujours mises en valeur dans la salle à manger du chef de corps et le titre très prisé de champion du cheval d’arme à plusieurs reprises. Commandant dans la résistance, il fut le premier chef de corps de Chamborant reconstitué après-guerre et obtint de donner à son groupe de résistants le nom de 2ème Hussards.
La photo et la plupart des informations ci-dessous proviennent d’un site perso familial, hélas mis hors ligne depuis, consacré à la vie de ce Chamborant.
Naissance :
Émile, Bertrand, Bernard Darizcuren est né le 20 février 1894 à Bayonne, fils de Pierre François Darizcuren et Gracieuse Renartz, il est leur avant dernier fils au sein d’une famille de cinq enfants. Dans le XIXème siècle finissant, en 1894, Emile Darizcuren, fils et orphelin à 13 ans d’un résinier qui lui transmit un nom très ancien du Pays Basque profond, n’était pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche, mais doté d’une énergie qui fit de lui, toute sa vie un ascendant. Lui aussi a été un » Basque Bondissant « .
L’enfance et la jeunesse :
Dans le Faubourg St Esprit, à Bayonne, où il grandit, sa débrouillardise de môme déluré lui permet de se hisser sur les chevaux des rouliers. Déjà possédé par la passion de sa vie, il s’initie en faisant l’école buissonnière. Mais l’enfance était courte en ce temps là. Placé en apprentissage chez un serrurier de Bayonne à 14 ans, il a un doigt mutilé par une machine. A 15 ans il aide son oncle, qui possède des tramways à chevaux, à faire les allers retours entre la gare du midi et celle du B.A.B et lors de son inscription au registre militaire (classe 1914, rectifiée 1913) la profession indiquée est cocher. Son registre militaire le décrit comme mesurant 1,68, les cheveux châtains, les yeux bruns verdâtres et le nez rectiligne. Il ne doit pas être de très forte constitution puisqu’initialement ajourné pour faiblesse une première fois avec sa classe et obtient un sursis puis cette décision est confirmé en juillet 1914.
Les chasseurs d’Afrique
Mais la guerre rend sans doute le besoin plus prégnant et il est finalement déclaré bon pour le service et souscrit un contrat d’engagement de trois ans le 30 novembre 1914 à Bayonne, au titre du 3ème Régiment de Chasseurs d’Afrique.
(Source Wikipédia & Historique du 3ème Régiment de Chasseurs d’Afrique Berger-Levrault Nancy)
Le régiment quitte Constantine et embarque à Alger, le 5 août 1914 en laissant le 5ème escadron en dépôt. Il débarque à Sète deux jours plus tard et se dirige sur Lyon. Il sera tout au long de la guerre le régiment de cavalerie du Corps d’Armée Colonial, appartenant à la 4ème Armée.
Durant toute cette guerre, le 3ème RCA restera sur le front de France. Il est engagé en première ligne dès août 1914, lors de la violation de la Belgique, dans la bataille des Ardennes. Il combat le 22 août à Rossignol puis participera à la retraite puis à la Bataille de la Marne et à la première bataille des Flandres d’octobre à novembre 1914.
Le jeune Darizcuren rejoint tout d’abord la base arrière du régiment à Constantine en Algérie pour recevoir sa formation de base, Il y restera onze mois, de novembre 1914 à octobre 1915, date à laquelle il rejoint son régiment sur le front en France. Son régiment sort d’une très dure deuxième Bataille de Champagne dans laquelle il subira de lourdes pertes aux tranchées en appui de l’Infanterie, au sein du 1er Corps d’Armée Colonial (1er CAC).
En 1916, l’année de Verdun, le régiment qui ne sera jamais engagé sur la ville est dans la région du camp de Crèvecoeur et s’entraîne en vue d’opérations futures, la bataille de La Somme. Darizcuren est nommé brigadier le 28 juin 1916 puis, moins d’un an plus tard, Maréchal-des-Logis le 28 Mai 1917. Il participe à tous les combats des heures tragiques d’avril-mai 1918 et la brillante coopération à la poursuite au nord de l’Aisne, en octobre-novembre 1918.
Il est cité à l’ordre du Régiment à la fin de la guerre le 15 février 1919 :
» Sous-officier énergique et plein d’allant. S’est toujours distingué dans toutes les affaires auxquelles a pris part son escadron et notamment en mars 1917, en reconnaissance, en poussant à cheval jusque sous le feu de mitrailleuses ennemies et bien qu’ayant un cheval de sa patrouille tué. «
Quartier du Mansourah – 3ème Chasseurs d’Afrique à Constantine
Émile Darizcuren a trouvé sa voie, il rengage après l’Armistice pour deux ans à compter du 3 avril 1919, alors que le Régiment est rentré à Lyon après un temps d’occupation en Allemagne. Le 16 juillet 1919 il embarque par le train pour Marseille. Alors que la moitié du régiment attend à Aubagne, le premier demi-régiment embarque sur le Machico le 19 juillet. Débarqués à Alger les 1er et 2ème escadrons rejoignent Sétif, l’Etat-Major et les 3ème et 4ème escadrons ayant rejoint un mois plus tard s’installent quant à eux à Philippeville avant de rejoindre sa vieille garnison de Constantine.
Le Maréchal-des-Logis Darizcuren est nommé Maréchal-des-Logis-Chef le 19 septembre de cette même année. Il passera 17 ans en Afrique. Il enchaîne les réengagements (en 1921, en 1923) et est nommé adjudant le 23 octobre 1924.
Le quartier de Cavalerie est le pôle d’attraction de chaque ville d’Algérie dans lesquelles paradent les Spahis et les Chasseurs d’Afrique. Les fêtes de régiment sont l’occasion de jeux équestres, et les équipes sportives autour de la pratique de l’équitation s’affrontent comme dans les garnisons métropolitaine : courses (il gagne le prix du Maréchal Lyautey à Tlemcen en juin 1927), concours hippiques, polo (il est avec l’équipe de son régiment champion de polo pendant trois années de suite) : son agilité, sa vivacité, son tempérament de gagneur en font un champion. Après un nouvel engagement en 1926, L’adjudant Émile Darizcuren est promu adjudant-chef le 10 novembre et affecté en France le 1er décembre au 2ème Régiment de Chasseurs d’Afrique.
Les Hussards :
Il restera peu de temps au 2ème Chasseurs d’Afrique car moins de deux ans plus tard, le 19 avril 1928,il est affecté au 2ème Régiment de Hussards, en garnison à Tarbes, où ses qualités équestres sont bien sûr très attendues.
Il fait bien sûr partie de l’équipe de polo du Régiment et monte en course et en concours. Il accède à l’épaulette et est promu Sous-lieutenant le 21 mars 1931 puis Lieutenant deux ans plus tard, le 25 mars 1933.
Le Sous-lieutenant puis Lieutenant Darizcuren tient magistralement sa place et s’illustre sur tous les terrains et dans toutes les disciplines équestres, dans la région de Tarbes et bien au delà, au niveau national. Ses camarades l’appellent Dariz le Basque, le surnomment l’Anglo car il affectionne ces brillants et sensibles chevaux du Sud-Ouest, nerveux comme lui. Il est une figure du monde équestre des années 30.
Son palmarès est impressionant, qui plus est dans de multiples disciplines équestres, il est notamment : 1er prix au concours Hippique de Pau en mars 1931, épreuve des sous-officiers ; à Nice l’équipe d’indoor-polo – aujourd’hui horse-ball – du 2ème Hussards (qu’il forme avec les Lieutenants Hullo et Carreyre), championne de France en titre, écrase ses adversaires dans le cadre du concours Hippique international.
Il figure, par quatre fois au moins, avec sa jument alezane Xénia sur le podium de l’épreuve très complète et très dure du championnat national du cheval d’armes à Vichy, deuxième en 1931, troisième en 1932, deuxième à nouveau en 1933, troisième en 1936 ; il est deuxième encore au concours hippique de Bordeaux, Prix de l’Ourcq, en 1933, et aussi troisième dans les épreuves de sélection pré-olympiques de 1936 à Fontainebleau. En 1937 et 1938 il remporte avec l’équipe du 2ème Hussards les épreuves de polo de la saison à Biarritz, il est également premier au concours hippique de Bordeaux de 1938.
Le 11 juin 1937, le Lieutenant Émile Darizcuren est fait chevalier de la Légion d’Honneur.
La guerre – La résistance :
Il est mobilisé au 2ème Régiment de Hussards au moment de l’entrée en guerre.
« Pas de chars à opposer aux panzers, seulement le poitrail de nos chevaux qui n’en reviendront pas.. »
Mais le Lieutenant Darizcuren fait prisonnier [NDW : Oflag XB], participe à trois plans d’évasion et réussi à regagner Tarbes en août 1944 [NDW : a priori erreur de date puisque nous sommes là tout à la fin de la guerre, date où le maquis fut intégré dans l’armée régulière, en tant que 2e Hussards – voir encadré infra.]. Il s’éclate dans la résistance où son audace et sa roublardise se jouent des occupants. Lui qui ne sort d’aucune grande école militaire, sans diplôme, sans instruction, sorti du rang, le voici « Commandant de l’Armée Secrète » !
Source : Forum du Loiret 1939-1945
En août 1944, le « commandant » Emile Darizcuren , responsable de « l’Armée Secrète » pour la région de Tarbes et ancien chef de l’équipe de polo du 2ème Hussards, devient de fait, chef de corps du 2ème Hussards reconstitué. Par décision n° 39 du 19 décembre 1944, le général Collet, commandant la 17ème Région, accorde au 1er Régiment de Cavalerie de Bigorre, en garnison à Tarbes, la faveur de reprendre l’étendard et les traditions du 2e régiment de Hussards.
In memoriam
En mémoire à son incroyable carrière équestre dans la région de Sud-Ouest et à ses origines basques, une course de trot attelé porte encore son nom aujourd’hui, à Biarritz et la toute nouvelle section équestre du 2ème Régiment de Hussards à Haguenau inaugurée en 2017 portera le nom de Commandant Émile Darizcuren.