Colonel Richard Boutaud de Lavilléon
1941 – 1942

Colonel Richard Boutaud de Lavilléon

Source : site non officiel de l’Ecole de Guerre.

Biographie

Marie, Emile, Richard Boutaud de Lavilléon est né le 4 avril 1893 à Nancy (Meurthe-et-Moselle) d’un père capitaine au 12ème Régiment de Dragons, plus tard général de brigade.

St Cyr et la 1ère Guerre Mondiale

Engagé volontaire le 10 octobre 1912 en qualité d’admis à l’École Spéciale Militaire, il va accomplir au 12ème Régiment de Chasseurs à Saint-Mihiel l’année de service militaire obligatoire avant d’entrer à l’École. Il entre à l’École Spéciale Militaire le 10 octobre (promotion de Montmirail).

Quartier Colson – 12ème Régiment de Chasseurs à Cheval à St Mihiel

 

 

Insigne du 7ème Régiment de Chasseurs à Cheval

L’école fermant en raison de la mobilisation, il en sort le 2 août 1914 avec le grade de sous-lieutenant et rejoint le 3ème escadron du 7ème Régiment de Chasseurs à Cheval qui se met sur pied à Évreux. Après les mouvements de concentration, il prend part à une reconnaissance sur Fleurus le 19 août, à la bataille de Charleroi les 20, 21 et 22 août, à la bataille de Guise le 29 août, à la bataille de la Marne du 6 au 12 septembre, à la bataille de Reims du 15 au 25 septembre puis aux combats de Bisschoote et de Renighe du 2 au 11 novembre.

Insigne du 25ème Régiment de Dragons

Insigne du 25ème Régiment de Dragons

Après un hiver 1914-1915 passé dans le secteur de Courcy en Champagne, il prend part à l’offensive d’Artois de juin à novembre. Envoyé en secteur à Herleville dans la Somme, il passe au 25ème Régiment de Dragons le 16 décembre 1915. Après avoir été en ligne dans la forêt de Parroy de janvier à mai 1916 et au Bois-des-Buttes de juillet à août, il est détaché quinze jours à la 43ème brigade au Bois du Luxembourg puis quinze jours à la 44ème brigade à Berry-au-Bac.

Le 15 septembre 1916, s’étant porté volontaire pour l’aviation, il est affecté comme élève pilote à l’École d’Avord qu’il quitte le 13 février 1917 pour raisons de santé. Renvoyé au dépôt du 25ème RD, il est dirigé sur le 2ème groupe d’escadrons, affecté à la cavalerie du 5ème CA, qu’il rejoint au front le 20 février.

Après l’offensive des Bois-des-Buttes le 16 avril, il est en ligne à l’observatoire de Gernicourt. A partir du 20 mai, il est détaché comme adjoint auprès du colonel commandant le 8ème Groupe de Chasseurs Alpins en ligne au Chemin-des-Dames ; il prend ainsi part à l’attaque de la Royère les 30 et 31 juillet et à l’attaque de la Malmaison du 23 au 25 octobre. Au 8ème Groupe de Chasseurs, il est récompensé par trois citations.

En novembre 1917, il est détaché à l’état-major de la 66ème Division d’Infanterie avec le groupe franc à pied du 3ème escadron du 25ème Régiment de Dragons, qui lui a été confié. En ligne dans secteur de Steinbach de janvier à avril 1918, le groupe est cité à l’ordre de la 66ème division d’infanterie le 27 février. Le 14 mai, il prend part à l’attaque au sud d’Hailles où le même groupe est cité à l’ordre de la 1ère armée le 9 juin. Le 12 juillet 1918, après l’attaque de Castel, il est fait chevalier de la Légion d’honneur.

Extrait du Journal Officiel du 24 novembre 1918 : BOUTAUD DE LAVILLÉON (Richard), lieutenant au 25ème Régiment de Dragons : « Officier de tout premier ordre qui a affirmé ses brillantes qualités militaires en maints combats. Vient encore d’acquérir un nouveau titre de gloire en assurant la possession d’une position solidement tenu par l’ennemi. Cinq citations. »

 

Insigne du 28ème Bataillon de Chasseurs Alpins

Admis, à sa demande, à servir dans l’infanterie pour la durée de la guerre, il arrive en août au 28ème Bataillon de Chasseurs Alpins où il reçoit le commandement la 1ère compagnie. Le 8 août, à peine arrivé, il est engagé dans l’attaque de Moreuil où il est cité à l’ordre de la 1ère armée (4 septembre 1918).

Suit jusqu’à l’armistice une série de combats ininterrompus : attaques de la ferme Montécouvé du 29 au 31 août, de la Fontaine Saint-Rémy le 2 septembre, poursuite vers le ravin de Vauxaillon du 3 au 7 septembre, attaques sur les carrières de Babylone le 8 septembre, sur les plateaux de la ferme Moisy du 13 au 16 septembre, sur le Petit Vesly les 15 et 16 octobre, attaques devant Oisy du 25 octobre au 2 novembre, franchissement du canal de la Sambre les 4 et 5 novembre. Il y gagne trois nouvelles citations.

Le 19 septembre 1918, il est promu au grade de capitaine au 5ème Bataillon de Chasseurs à Pied et maintenu dans son commandement au 28ème Bataillon de Chasseurs Alpins et le 13 décembre 1918, il passe à la tête de la 3ème compagnie. Au terme de la guerre, il est noté comme un « excellent commandant de compagnie, d’une bravoure exceptionnelle et d’une énergie rare. Payant de sa personne, très autoritaire, il a beaucoup demandé et sa compagnie n’a connu que des succès. »

L’entre-deux guerres

Il sert successivement à la fin du conflit en Pologne, dans divers postes d’état-major territoriaux ou nationaux, au Danemark et en occupation en Allemagne au sein du 17ème Régiment de Chasseurs en occupation dans les pays rhénans où il prend le commandement d’un escadron.

Détaché à l’Ecole d’Application de la Cavalerie à Saumur en septembre 1921, il prépare et réussit le concours de l’École Supérieure de Guerre où il est admis en 1922. Promu capitaine en 1923, il termine sa scolarité en 1925, se classant parmi les meilleurs de sa promotion.

A sa sortie il sert en état-major de l’armée au 4ème bureau, puis à la 2ème division aérienne, où il obtient le brevet d’observateur en avion, [NDW : le brevet qu’il porte sur sa photo ?] puis à l’Armée des Alpes, où il est spécialement chargé des questions aéronautiques et de l’armée italienne.

Poursuivant sa carrière interarmées, il passe en 1931 au 3ème bureau de l’état-major de l’Air où il est chargé d’études spéciales relatives à la concentration et à l’emploi de l’aviation de bombardement. De mars à juin 1932, il est chargé d’une mission aérienne de prospection des Alpes. Ayant très bien réussi dans ces différents emplois d’état-major, il est affecté le 24 septembre 1932 à l’École supérieure de guerre où il « produit de remarquables travaux riches d’enseignements » comme professeur stagiaire au cours d’histoire militaire.

Promu au grade de chef d’escadrons le 25 juin 1933, il reçoit le 25 septembre 1934 le commandement du 2ème Bataillon de Dragons portés. Désigné pour être membre de la commission chargée de la révision de l’instruction technique des mitrailleuses de cavalerie, il obtient un témoignage de satisfaction du ministre. Le 19 août 1936, son temps de commandement terminé, il revient à l’École supérieure de guerre comme professeur adjoint au cours d’histoire où il produit des études remarquables sur Frédéric II et sur la 2ème armée pendant la Course à la mer.

En octobre 1936, il suit le stage de technique d’armée puis, du 16 août au 15 septembre 1937, un stage dans une unité de cavalerie de l’armée polonaise. A partir du 8 octobre, il est professeur adjoint au cours de tactique générale et d’état-major où il est promu au grade de lieutenant-colonel le 25 janvier 1939.

La 2ème Guerre Mondiale

Le 1er septembre 1939, à la mobilisation, il est nommé chef d’état-major de la 62ème division d’infanterie, de nouvelle formation, dont il réalise la mise sur pied. Le 8 octobre, il débarque à Beyrouth où il est nommé chef du 3ème bureau de l’état-major du général Weygand, commandant en chef du théâtre d’opérations en Méditerranée orientale. Nommé sous-chef d’état-major le 1er mars 1940, il fait fonction de chef d’état-major à partir du 2 avril. Du 20 mai au 5 juin, il dirige la délégation française des trois armées à la conférence interalliée convoquée à Haïfa pour l’attaque du Dodécanèse. Il revient ensuite à ses fonctions de sous-chef d’état-major auprès du général Mittelhauser qui a remplacé le général Weygand. Du 21 au 26 juin, il dirige la délégation française envoyée au Caire pour régler le transport de l’armée de Syrie sur les frontières d’Égypte. Le 26 juin, il reprend ses fonctions de chef d’état-major du général Mittelhauser ; il est soumis à rude épreuve pendant la sévère crise traversée par l’état-major du Théâtre d’opérations du Moyen-Orient. Le 5 août, après la suppression de celui-ci, il est nommé chef d’état-major des troupes du territoire Nord-Syrie.

Débarqué à Marseille le 3 septembre 1940, il est affecté provisoirement au 8ème Régiment de Dragons. Passé au 2ème bureau de l’état-major de l’armée le 29 octobre, il est envoyé en Roumanie le 24 janvier 1941 pour prendre les fonctions d’attaché militaire ; dans cette fonction, il renseigne le 2ème bureau et travaille en liaison intime avec les alliés yougoslaves, grecs, russes et turcs. Promu au grade de colonel le 25 juin 1941, il est relevé de son poste à la demande des Allemands et rapatrié en France le 23 juillet. Désigné pour commander le 2ème Régiment de Marche de Spahis au Levant, il ne rejoint pas en raison des événements de Syrie.

Insigne du 2ème Régiment de Hussards époque 1940

Le 1er septembre 1941, il est affecté au 2ème Régiment de Hussards dont il reçoit le commandement le 18 septembre à Tarbes. Avec son adjoint, le lieutenant-colonel Desazars de Montgaillard, il parvient à donner à son régiment une impulsion heureuse et à lui faire faire des progrès évidents. Le 16 novembre 1942, après l’invasion de la zone libre, il est relevé de son commandement par le général Bérard commandant la 17ème division militaire, qui lui reproche d’avoir prévu de soustraire aux Allemands ses hommes, ses armes et ses magasins. Remplacé par son adjoint et mis en congé d’activité, il proteste vivement contre cette mesure auprès du général Bridoux [NDW : Ministre de la Guerre et ancien chef de corps de Chamborant.] qui le rappelle à l’activité le 28 novembre, après le désarmement de l’armée française.

Insigne du 9ème Régiment de Chasseurs d’Afrique

Passé en Espagne le 6 décembre avec un autre officier de son régiment, il est arrêté par les autorités espagnoles et emprisonné à Pampelune du 9 au 16 décembre puis interné au camp de concentration de Miranda du 17 décembre 1942 au 14 janvier 1943. Mis en résidence surveillée à Jiaraba, il s’échappe et gagne Madrid puis Barcelone. Embarqué clandestinement sur l’Angela Maria le 22 avril, il gagne Gibraltar le 26 avril puis Alger le 29 avril. Le 25 avril 1943, il est mis à la retraite par le gouvernement de Vichy à compter du 1er décembre 1942. Le 11 mai 1943, il est nommé adjoint au général Le Goulteux commandant la brigade blindée en Tunisie. Le 25 mai, il reçoit le commandement du Le 15 septembre, il passe au commandement de la brigade de chars de la 3ème division blindée à Casablanca. Le 15 juin 1944, il est nommé chef d’état-major du général Cochet délégué militaire de la zone d’opérations sud à Alger. Il débarque à Naples le 31 juillet puis à Saint-Tropez le 16 août. Le 10 novembre 1944, après la dissolution de la DMOS, il est nommé adjoint au général Borgnis-Desbordes commandant la 19ème division d’infanterie et le front de Lorient. Le 11 décembre 1944, il est nommé adjoint au général Laffargue commandant la section d’études de la 1ère armée.

Dès le lendemain, il remplace le colonel Tritschler, évacué pour maladie à la tête du Combat Command 6 de la 5ème division blindée qu’il va conduire de Belfort le 20 décembre jusqu’à la frontière autrichienne le 7 mai 1945. Auparavant, en janvier 1945, il prend part à la libération de la plaine d’Alsace au nord et à l’est de Colmar après de violents combats à Jebsheim.

Insigne de la 5 DB

Promu au grade de général de brigade le 25 mars 1945, il est maintenu dans ses fonctions. Franchissant le Rhin à Mannheim le 3 avril, il prend part à la poursuite, en Pays de Bade, en Forêt-Noire et en Wurtemberg, d’un ennemi qui s’écroule mais qui livre encore de furieux combats locaux. Le 7 avril 1945, il est fait commandeur de la Légion d’honneur.

Après être entré dans Stuttgart le 21 avril, il fonce vers le sud en direction de Rottweil, de Sigmaringen, du Lac de Constance puis de l’Arlberg atteint le 7 mai 1945. Il est cité à deux reprises à l’ordre de l’armée : le 19 juin et le 2 décembre 1945. Après l’armistice, il réalise les réformes profondes décidées par le commandement dans les méthodes d’instruction ; malgré les nombreuses difficultés provoquées par la démobilisation massive, il parvient toujours à présenter des troupes cohérentes, brillantes et disciplinées. Son expérience des unités mécanisées le désigne particulièrement pour le commandement d’une division blindée et le 24 février 1946, il prend le commandement de la 5ème division blindée. Le 15 novembre 1946, il est compris dans la citation à l’ordre de l’armée de la 5ème division blindée.

Remis à la disposition du ministre de la Guerre le 16 février 1947, il est promu au grade de général de division le 20 février. Le 7 mars, il est nommé président de la délégation française à la commission de délimitation de la frontière franco-italienne. Remis à la disposition du secrétaire d’État aux Forces armées le 1er février 1949, il est chargé de l’inspection de l’armée blindée et de la cavalerie ; il accomplit des missions au Maroc du 25 septembre au 14 octobre et en Indochine du 2 novembre au 5 décembre 1949. Il est également nommé membre du Conseil supérieur de la guerre à compter du 1er janvier 1950 puis à compter du er janvier 1951. Le 23 avril 1952, il reçoit rang et prérogatives de général de corps d’armée.

Le général de corps d’armée Boutaud de Lavilléon est décédé en activité de service le 13 mai 1952 à l’hôpital militaire du Val-de-Grace à Paris (Seine).

Il était grand-officier de la Légion d’honneur, officier d’Académie, Croix de guerre 1914-1918 (10 citations), Croix de guerre 1939 (3 citations), médaille des Évadés, Croix du Combattant, médaille commémorative de la Grande guerre, médaille interalliée de la Victoire, médaille commémorative 1939-1945 avec agrafes « Libération » et « Allemagne », Ordre du Dannebrog (Danemark), Bronze Star Medal (États-Unis), officier de la Legion of Merit (États-Unis).

Sources : SHD 13 YD 912 – LH/19800035/59/7220 – Coll. F. AMELINEAU.