Comte Charles-Louis de Gau de Frégeville
Chef de Brigade
1792 – 1793
Eléments de Biographie
Source :
– Wikipédia
– Extrait de « Charles Louis Joseph de Gau de Frégeville », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852
Le Général Charles de Frégeville est né au château de Grandval, commune de Teillet (Tarn). Issu d’une ancienne famille noble castraise d’origine protestante, son père, Jean de Frégeville, seigneur de Grandval et de Plegades, officier de cavalerie, finit sa carrière comme lieutenant-général de Louis XV et son demi-frère aîné Henri finira, lui aussi sa carrière comme général de division. Suzanne Périé, fille de Pierre Périé, négociant à Bédarieux, et Magdeleine-Suzanne de Lavit était devenue en 1753, à Paris, la seconde épouse de son père. Un de ses frères, Pierre, né le 27 septembre 1759, venant d’être nommé cadet au régiment de Condé-Dragons, y périt vers 1777. Charles de Frégeville, âgé d’à peine 12 ans, lui fut substitué et joignit son régiment sur les côtes de Bretagne. Le jeune soldat fit le service dans les grades subalternes pendant deux ans, et fut nommé sous-lieutenant le 11 juillet 1779.
En 1781, il acheta une compagnie et fut créé capitaine au régiment des Dragons-Condé. Il employa dès lors une partie de ses semestres à voyager en Prusse et en Allemagne; il apprit la langue de ces pays et étudia principalement la stratégie de leurs armées. De retour en France, il se mit, le 17 mai 1790, à la tête de la garde nationale à cheval de Montpellier pour réprimer des troubles à Nîmes et à Beaucaire.
Nommé, en 1785, capitaine de remplacement, c’est-à-dire sans traitement, il fut nommé en 1792 (20 janvier), capitaine au 3<sup>ème</sup> régiment de chasseurs à cheval, et le 20 avril suivant, lieutenant-colonel du 2<sup>ème</sup> régiment de hussards, Charles de Frégeville fit la campagne suivante sous les ordres de La Fayette et y commença sa réputation.
Le colonel baron de Malzen et le premier lieutenant-colonel Hock, tous deux hostiles aux idées nouvelles, avaient résolu de passer à l’ennemi avec tout le régiment qui se trouvait alors sur la frontière des Ardennes. Lafayette étant absent, on avait éloigné Frégeville comme patriote, mais celui-ci, averti à temps, accourut et fit tant que le régiment, un instant ébranlé, refusa de partir et de suivre au camp autrichien son colonel, le lieutenant-colonel en premier et huit officiers qui émigrèrent seuls. En récompense, Charles de Frégeville fut nommé colonel de ce même régiment. Il ne tarda pas à se signaler par sa conduite : ainsi, sous Dumouriez, lors de la retraite de Grand-Pré, il conduisit ses hussards en habile capitaine et se battit en soldat intrépide. On sait que Dumouriez avait, en cette occasion, 20 000 hommes en retraite devant une armée de 100 000 Prussiens ou Autrichiens; Frégeville qui formait l’arrière-garde, chargea plusieurs fois la cavalerie ennemie et la tint en échec. Peu de jours après, il se couvrit de gloire à Valmy, de même qu’à Jemmapes, à Hal, à Bruxelles, à Tirlemont et devint l’exemple de l’armée.
Peu de temps avant sa fuite, Dumouriez alla le trouver au camp de Maulde et lui confia ses desseins : son plan consistait à enlever le Dauphin du Temple, à le proclamer roi au milieu de son armée et à confier la régence au duc de Chartres (général Égalité), futur Louis-Philippe I<sup>er</sup>. Le colonel Frégeville consentit à se prêter à ses vues. Sous prétexte de refaire son régiment, de prendre des hommes du dépôt, ou d’empêcher la désertion, il fut convenu que le colonel se rendrait à Cambrai, puis à Pont-Sainte-Maxence : à peine était-il en marche qu’il reçut un second ordre de Dumouriez pour l’arrestation de Bouchotte, alors officier supérieur des hussards et depuis peu commandant de la place de Cambrai, où il présidait le club populaire.
Frégeville s’apprêtait à s’acquitter de cette commission lorsqu’un courrier extraordinaire instruisit les autorités que Dumouriez avait émigré, qu’il était déclaré traître à la patrie, mis hors la loi, et que tout officier qui exécuterait des ordres de lui serait condamné à mort. Frégeville se contenta de déchirer le mandat d’arrestation qu’il avait reçu ; mais un colonel, qui avait connu cet ordre, fit part à Bouchotte des dangers qu’il avait courus. Ce commandant de place se borna à écrire au général Dampierre, successeur de Dumouriez, de délivrer Cambrai d’un régiment qu’il considérait comme très-suspect. Dampierre qui comptait sur le patriotisme du 2<sup>ème</sup> hussards, confia à Frégeville le commandement de toutes les troupes qui couvraient Valenciennes; ce colonel s’y conduisit de la manière la plus distinguée; mais bientôt rappelé au quartier général, Dampierre lui communiqua un ordre qui lui prescrivait de l’envoyer à Paris pour rendre compte de sa conduite. On sait ce qu’étaient alors ces sortes d’appel à Paris : c’était l’échafaud en perspective, et cependant il partit. Heureusement le Comité de Salut public avait été prévenu avantageusement par les représentants du peuple, il renvoya Frégeville à son régiment.
Le 15 mai 1793, il fut nommé général de brigade à l’avant-garde de l’armée des Pyrénées-Orientales. Cette avant-garde était de 3 000 hommes et l’armée de 11 000 à peine. Avec des forces si inférieures, le général Frégeville fit souvent tête à l’ennemi et remporta divers avantages; mais un jour, n’ayant avec lui que 400 hommes, il fut enveloppé par environ 3 000 hommes et fait prisonnier avec ses aides-de-camp. Après deux ans d’une dure captivité, il fut rendu et alla résider à Montpellier en attendant un ordre de service. À peine arrivé dans cette ville, une insurrection y éclata, le général parvint à l’apaiser à force de sagesse, cherchant les voies de conciliation. La ville reconnaissante le nomma député de l’Hérault au conseil des Cinq-Cents.
Au 18 brumaire et dans les journées qui suivirent, le général Frégeville joua un rôle très-actif. Le 19 brumaire, on le vit, aidé de deux de ses collègues, enlever le président Lucien Bonaparte de son fauteuil et le porter dans la cour pour le soustraire aux vengeances de la faction anarchiste; Le même jour, ce fut lui qui décida Napoléon Bonaparte à paraître devant environ cent cinquante membres du conseil des Cinq-Cents réunis dans une salle pour prendre une décision quelconque sur l’événement de la veille. C’est dans cette réunion que l’on décida qu’un décret nommant trois Consuls – parmi lesquels le général Bonaparte – serait soumis à l’approbation du conseil des Anciens. Séance tenante on nomma une commission de vingt-cinq membres pris dans chaque conseil, chargée de rédiger une constitution et on lui accorda trois mois pour la formuler. Frégeville fut du nombre de ceux que choisit le conseil des Anciens. La constitution acceptée, le général passa au Corps législatif.
Nommé général de division le 28 mars 1800, il reçut la mission d’organiser vingt-cinq régiments dans un rayon de trente-huit lieues de Paris. Toutes ces forces promptement réunies furent dirigées vers l’Italie. Cependant Frégeville préférant le service actif à la législature, alla prendre le commandement des troupes légères du général Brune, et se distingua par des charges brillantes au passage du Mincio et du Tagliamento. On le vit ensuite gouverneur de la 9<sup>ème</sup> division militaire, commandant une division sous Masséna, et quand le roi Joseph Bonaparte réunit sous ses ordres les armées de Masséna et de Gouvion-Saint-Cyr, ce fut Frégeville qui commanda en chef toute la cavalerie composée de quatre divisions. Pendant que Gouvion-Saint-Cyr faisait le siège de Gaète, il réussit à s’emparer de Civitella del Tronto, située dans une position inexpugnable.
Ainsi, en un seul jour et avec neuf cents combattants et quelques pièces de quatre, il enleva une place que le duc de Guise avait en vain assiégée à la tête de 6 000 hommes et d’une artillerie formidable. La prise de Civitella del Tronto et celle de Gaète entraînèrent la soumission du royaume. Le général Frégeville fut nommé gouverneur de tout le pays comprenant l’Adriatique, depuis les États Romains jusqu’aux côtes de la Calabre, et le roi Joseph demanda pour lui le cordon de grand officier. Après la paix de Tilsitt (1807), Frégeville tomba dans la disgrâce de l’Empereur et resta sans emploi jusqu’en 1814.
Louis XVIII le nomma le 8 juillet chevalier de Saint-Louis, et, le 27 décembre grand officier de la Légion d’honneur dont il était commandeur depuis 1804. Il dut sa faveur aux Tuileries à sa conduite en 1793; conduite qu’il avait eu soin de faire constater par le duc d’Orléans et par Dumouriez alors à Londres. On laissa seulement ignorer à Louis XVIII la question de régence.
Pendant les Cent-Jours, Napoléon Ier lui confia la cavalerie du 2e corps d’observation des Pyrénées-Orientales.
A la seconde Restauration, ce commandement lui fut ôté par le duc d’Angoulême irrité de ce qu’il refusait de procéder au licenciement du corps de cavalerie. Le ministre de la guerre, maréchal Gouvion-Saint-Cyr à qui il se plaignit, lui donna l’inspection générale de vingt-cinq régiments de l’armée de la Loire. Le général Frégeville eut à combattre les ordres occultes du duc d’Angoulême et de son chef d’état-major, le duc de Damas. Le projet du prince était de désorganiser l’armée; il réussit, et le général Frégeville fut mis à la retraite.
On prétendait que le duc d’Angoulême avait l’intention de former un royaume indépendant, sous le nom d’Occitanie. Il aurait cherché dans ce but à se faire des partisans parmi les militaires de l’armée de la Loire.
Le général Frégeville fut remis en disponibilité; en 1833, il reçut définitivement sa retraite. Il était à Paris en 1835, et se trouva à la revue du 28 juillet, à cinq pas du roi et derrière le général Lachasse-Vérigny. Le 28 juillet 1835, lors de l’attentat boulevard du Temple, il fut blessé par l’explosion de la machine de Giuseppe Fieschi et eut son cheval tué sous lui.
La baronne Barbara Juliane von Krüdener, fameuse piétiste en partie à l’origine de l’idée de la Sainte-Alliance, inspira en 1790 au marquis de Frégeville une très vive passion. Ses biographes racontent qu’il conserva longtemps avec elle une relation épistolaire après le modus-vivendi arrangé par l’époux lors de leur voyage dans les pays nordiques en 1791. Après un premier mariage avec mademoiselle Rodier de Manilargues, il épousa le 31 octobre 1798 à Béziers Claire Sicard, née le 10 août 1781 dont il eut plusieurs enfants dont :
– Caroline-Henriette-Suzanne, née à Paris le 17 janvier 1800 qui épousa le 16 août 1821, à Montpellier, Ambroise-Jacques Bricogne né le 14 avril 1784;
– Louis-Hortensius-Henry, né à Montpellier le 17 mai 1803 qui épousa le 6 février 1828, à Pont-à-Mousson, Ernestine– Adélaïde-Joséphine Bourcier née le 11 octobre 1805.
– Henriette, mariée au baron de Roll d’Emmenholz.
Le général de Frégeville est mort à Paris en avril 1841. Son nom est inscrit sur l’arc de triomphe de l’Etoile, côté Ouest, dans la 34e colonne. Il était propriétaire du château de Grandval et du château de Gramont dans l’Hérault, acheté en mai 1796, dans lequel il s’installa et organisa avec faste des réceptions mémorables. Le château de Grandval n’est plus qu’une ruine romantique près d’un lac EDF à la suite de son incendie par les Allemands en représailles d’avoir servi de refuge à des résistants locaux ; le château de Gramont est aujourd’hui la propriété de la mairie de Montpellier.
Carrière militaire
20 septembre 1792 : Colonel au 2e Hussards 15 mai 1793 : Général de brigade 28 mars 1800 : Général de division
Décorations: 14 juin 1804 : Commandeur de la Légion d’honneur 27 décembre 1814 : Grand officier de la Légion d’honneur