André-Claude de la Clavière Marquis de Chamborant
1761-1791

Le Marquis de Chamborant

Ecoutez "La Chamborant"

Auteur du chant, capitaine Philippe Constant

Eléments de Biographie

Source : historique du 2ème Hussards par Gérard-Antoine MASSONI (à paraître)

2ème Régiment de Hussards – Les armes de la famille de Chamborant D’or au lion de sable, armé et lampassé de gueules.

Le 20 février 1761, le comte de Turpin fut nommé maréchal de camp et dut abandonner le régiment qu’il avait si magnifiquement commandé. Il entra en pourparlers avec l’un de ses cousins, le marquis André de Chamborant, colonel lieutenant du régiment d’infanterie de La Marche-Prince. L’agrément d’une telle transaction demandée conjointement au duc de Choiseul le 8 mars 1761 par le comte de Turpin et par le marquis de Chamborant, fut accordé par le roi le 27 mars.

C’est au cours de cette campagne, par ordonnance royale du 27 août 1761, que le marquis André-Claude de Chamborant de la Clavière âgé de 29 ans prit le commandement du Régiment qui devint Chamborant-Hussards.

Le nouveau mestre de camp allait démontrer rapidement qu’il possédait toutes les qualités d’un chef d’une unité d’avant-garde.

Le 20 juillet 1761, quelques jours après le combat de Werlinghausen, le marquis de Chamborant charge par cinq fois un ennemi très supérieur en nombre pour dégager un détachement de dragons commandé par le duc de Coigny, l’oblige à ralentir sa marche ce qui permit aux différentes unités du corps du maréchal de Soubise de rétablir une situation compromise. Le prince Henri de Brunswick ayant été grièvement blessé d’un coup de pistolet par un hussard et laissé sur le terrain, le marquis de Chamborant envoya immédiatement ses deux chirurgiens[1] le soigner et ceci fait, ordonna de le transporter avec tous les soins et les égards possibles dans les lignes ennemies : le prince décéda néanmoins de ses blessures.

Le 8 juillet 1762, avec 300 hussards et 100 dragons, quittant le gros de l’armée française à Fritzlar, le marquis de Chamborant franchit les deux rivières Eder et Diemel malgré les avant-postes ennemis, entre dans la principauté de Waldeck, dissimule sa marche durant les journées du 8, du 9, et, le 10, de grand matin, arrive devant la petite ville de Warburg[2], occupée par une garnison anglaise forte de 6000 hommes. Chamborant range la majeure partie des hussards en bataille pour intimider l’ennemi et avec le reste, enlève la boulangerie anglaise, brise les canons, saisit un convoi de munitions de guerre, puis il bat en retraite, emmenant tous les chevaux valides qu’il a pu enlever à l’ennemi et faisant couper les jarrets aux autres.

Revenus de leur terreur, les Anglais se jettent à la poursuite, mais notre intrépide mestre de camp, dérobant habilement sa marche, leur échappe et rentre dans les lignes françaises avec outre les chevaux, 61 prisonniers dont un commissaire de guerre anglais. Le détachement français avait parcouru plus de 90 lieues de pays en 4 jours (soit environ 350 km), sans autre perte que 9 hussards et 6 dragons livrés à l’ennemi par des paysans. Cet exploit rendit le marquis de Chamborant et ses cavaliers célèbres dans toute l’armée.

Le 25 juillet 1762, le roi accordait au marquis de Chamborant le grade de brigadier des armées du roi. Le maréchal de Soubise lui écrivit à cette occasion :  » Je vous annonce, avec le plus grand plaisir, Monsieur, que le roi vient de vous faire brigadier de ses armées ; c’est la récompense de la distinction de vos anciens services et de ceux que vous avez rendus en dernier lieu en détruisant les magasins des ennemis à Warburg. Je vous en fais mon compliment de tout mon cœur[3]« 

C’est pendant cette guerre que tous les hussards – et les « Chamborant » en particulier – se firent la réputation de troupes d’avant-postes. Téméraires parfois jusqu’à la folie, un peu pillards et maraudeurs, ils répandaient partout la terreur, « suivant l’ennemi pas à pas, le harcelant, l’inquiétant, éventant ses projets, épuisant ses forces en détail, détruisant ses magasins, enlevant ses convois et le forçant enfin à dépenser en défensive la puissance offensive, dont autrement il aurait tiré le plus grand avantage».

Le 20 septembre 1762, le marquis de Chamborant et ses hussards capturent encore un escadron de hussards de la Légion Britannique de Bülow et cinquante chasseurs du Corps franc de Scheiter, à Brillon entre Arnsberg et Warburg.

La paix est signée à Paris le 10 février 1763 qui confirme la ruine du premier empire colonial français et la suprématie de l’Angleterre en Amérique du Nord : le Canada était perdu. Notre rôle pendant cette désastreuse guerre fut, comme l’avouait le cardinal de Bernis « extravagant et honteux ». Le marquis de Chamborant ramena son régiment en France qui cantonna dans un premier temps à Avesnes et Philippeville.

A partir du 20 août 1767, le colonel propriétaire reste le marquis de Chamborant, mais trop âgé, le commandement effectif du régiment est confié au baron André François des Ormeaux de Lindenbaum [4] (1767-1782), ancien lieutenant-colonel du régiment. Le marquis de Chamborant fut nommé maréchal de camp et inspecteur général des hussards le 3 janvier 1770. En 1771, le régiment est en garnison à Sarreguemines.

Le site familial de Guillaume de Chamborant descendant du Marquis

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Notes de bas de page
[1] – Les deux chirurgiens s’appelaient Bagien et Guérin
[2] – Province de Hesse, à 45 km au nord-ouest de Kassel
[3] – Courrier daté de Krumbach, le 6 août 1762
[4] – D’après son acte de baptême, enregistré à l’église Ste Marie de Landau, il s’appelait en 1726, André François Desormaux : on trouve par la suite son nom écrit Desormeaux Lindenhaum, puis baron de Lindenhaum. Pour plus d’informations, voir: https://www.alsace-histoire.org/netdba/lindenbaum-andre-francois-des-ormeaux-baron-de/

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