Les trompettes à P’tit Boy


Article rédigé pour l’Amicale par le Capitaine (H) Michel Bouzy, ancien sous-officier appelé, adjoint de la fanfare à Orléans sous les ordres du trompette-major adjudant Chaline.

Engagé volontaire par devancement d’appel (E.V.D.A.) après une Préparation Militaire, je fus incorporé à ORLEANS au 2ème R.H. à l’été 1967. J’avais déclaré lors de mes 3 jours au centre de sélection que je savais jouer de l’accordéon, de la trompette d’harmonie et que j’étais membre d’un orchestre amateur.

Peu de temps après mon arrivée au régiment, je fus appeler par l’Adjudant Trompette Major André CHALINE. Après un entretien et quelques essais à la trompette de cavalerie il me confia que le commandement envisageait de former un peloton de trompettes dont les exécutants seraient des appelés du contingent venant pour la plupart de DOM-TOM et ceci afin de renforcer la fanfare déjà en place.

Il avait donc besoin de quelqu’un pour l’assister et le seconder pour apprendre les rudiments de la musique. Si cela m’intéressait il était disposé à me prendre sous sa coupe; ce que j’acceptais avec plaisir. Toutefois nous verrions cela après la fin de mes classes. Malgré tout, une manifestation extérieure devant avoir lieu, et souhaitant avoir une fanfare un peu plus étoffée il m’intégra aussitôt ainsi qu’un autre trompette arrivé depuis quelques mois au régiment. Ainsi j’allais devenir un gars à « p’tit Boy » car tel était le surnom de ce très gentil et paternel Sous-Officier. Très vite après les classes je fus bombardé adjoint au chef de fanfare ce qui ne m’empêcha pas de faire les pelotons de Brigadier et de Sous-Officier.

Si de mon côté j’enseignais le solfège, la trompette, le cor, la basse à mes camarades martiniquais ils m’apprirent « un peu » le créole et tous les jurons des îles n’avaient plus de secret pour moi. Notre fanfare fut bientôt très étoffée. Nous étions très demandés.

La fanfare en 1968

Chamborant – Capitaine compagnie d’élite
Mais lorsque l’on est vacciné à la croche et double croche que fait on le soir pour se divertir ? On fait de la musique bien sûr !! Si bien que très souvent avec deux ou trois autres amis nous nous réunissions après dîner pour jouer quelques morceaux. Une batterie, une guitare, un saxo et un accordéon et en avant la musique.

Un soir l’officier de permanence vint nous voir. Après s’être installé dans un coin, il nous écouta et repartit comme il était venu. Le lendemain Le Lieutenant CARTERON revint et nous demanda si nous étions disposés à animer la soirée que donnait le Colonel quelques semaines plus tard. Chiche !! La soirée fut réussie, le Lieutenant-Colonel MENARD satisfait et à partir de ce moment là l’orchestre régimentaire était créé au grand damn de beaucoup de services du régiment et le lieutenant CARTERON devenait notre impresario.

En effet le casernement fut mis à contribution pour nous fabriquer des pupitres, les transmissions pour monter un ampli avec micros, le maitre tailleur aussi nous fournit un costume de scéne : chemise bleu (électric) pantalon noir et foulard bure. Un jour le groupe transport dut même, sur les ordres du Chef d’Escadrons de BLOIS, commandant en second, arrêter immédiatement deux véhicules afin qu’ils soient mis à notre disposition pour aller préparer une soirée ayant lieu dans une salle des fêtes de la banlieue orléanaise. Je peux vous dire que ce jour là je me suis fait un ami en la personne de l’adjudant du G.T. (il venait de me les refuser).

Notre orchestre régimentaire composé de 9 exécutants ne se contenta pas de jouer à l’intérieur du quartier puisque nous sommes allés faire des bals pour des gendarmes, des pompiers, etc. Je garde d’ailleurs jalousement dans mon porte feuille un titre de permission qui nous avait été donné à la suite d’un bal afin que nous puissions nous reposer de la nuit blanche passée. Lorsque je revins à la vie civile bien qu’ayant repris mes activités professionnelles et musicales, cette ambiance me manqua beaucoup et c’est très souvent que je passais au régiment voir les camarades et même participer aux Portes Ouvertes avec un certain Laurent VOULZY alors appelé au 2ème R.H.

C’est d’ailleurs comme cela que l’adjudant Chef LE BERICHEL Sous-Officier chargé de la mobilisation « m’enrôla » dans la réserve et que je suis devenu au fil des ans, des stages et convocations verticales Capitaine de Réserve. Mais cela est un autre débat.

Capitaine Michel BOUZY (C.H.)